Chaque fois que la noosphère a ouvert une nouvelle bande spectrale pour des observations, l’astronomie et l’astrophysique en ont été changées. Ainsi, la radioastronomie a permis de découvrir que notre Voie lactée était une spirale barréespirale barrée et permet aujourd’hui avec l’Event Horizon Telescope de voir l’ombre de l’horizon des événements des objets dont nous pensons qu’ils sont des trous noirs supermassifstrous noirs supermassifs contenant des millions ou même des milliards de masses solaires.
En observant dans l’infrarouge, on peut percer des secrets de la naissance des planètes et des étoilesétoiles. Il a souvent été nécessaire pour cela d’aller dans l’espace avec des télescopestélescopes comme Spitzer ou Herschel, car l’atmosphèreatmosphère – et en particulier son contenu en vapeur d’eau – n’est pas favorable à de bonnes observations pour une part de ce domaine de longueurs d’ondelongueurs d’onde. Mais il est possible toutefois de faire des découvertes avec des instruments installés en haute altitude et dans des régions où l’airair est sec.
Vista (Visible and Infrared Survey Telescope for Astronomy) est un nouveau télescope qui vient de commencer à fonctionner à l’observatoire de Paranal de l’ESO au Chili et a publié ses premières images. Vista est un télescope de surveillance fonctionnant dans l’infrarouge et est le plus grand télescope de surveillance au monde. Son grand miroir, son large champ de vision et ses détecteurs très sensibles révéleront une vue complètement nouvelle du ciel austral. Des images spectaculaires de la nébuleuse de la Flamme, du centre de la Voie lactée et de l’amas de galaxies du Fourneau montrent qu’il fonctionne très bien. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © ESO. Remerciements : J. Emerson/VISTA/UK ATC. Conception visuelle et montage : Martin Kornmesser. Cinématographie : Peter Rixner. Montage : Herbert Zodet. Support Web et technique : Lars Holm Nielsen et Raquel Yumi Shida. Écrit par : Richard Hook et Adam Hadhazy. Animateur : Dr. J. Narration : Gaitee Hussain. Musique : John Dyson du CD darklight et movetwo. Images et photos : ESO. Réalisé par : Herbert Zodet. Producteur exécutif : Lars Lindberg Christensen.
200 000 images couvrant une zone du ciel équivalente à 8 600 pleines lunes
C’est justement pour ces raisons que le télescope VistaVista (Visible and Infrared Survey Telescope for Astronomy)) de l’ESOESO a été construit à 2 635 mètres d’altitude dans le désertdésert d’Atacama au Chili, sur le site du mythique observatoire du Cerro Paranal de l’Observatoire européen austral. Vista est le plus grand télescope au monde destiné à l’étude du ciel depuis le sol dans les longueurs d’onde proches infrarouge, ce qui permet de percer certaines régions de notre GalaxieGalaxie obscurcies par les poussières et les gazgaz où l’on trouve des étoiles naissantes.
Plus généralement, Vista peut également repérer des objets très froids qui brillent à ces longueurs d’onde, comme les naines brunes ou les planètes errantesplanètes errantes ainsi que des amas globulairesamas globulaires, comme l’explique un communiqué de l’ESO qui accompagne la publication d’un article dans Astronomy & Astrophysics, fruit de la collaboration internationale d’un grand nombre de chercheurs, et que dont une version existe en accès libre sur arXiv.
Quelles technologies pour observer les objets célestes qui émettent du rayonnement infrarouge ? Celles utilisées notamment par le télescope Webb. Deuxième épisode de notre mini-série Scruter l’Univers : cette fois, nous nous intéressons à l’astronomie infrarouge. © Cnes
On y apprend que les astronomesastronomes ont réalisé la carte infrarouge de la Voie lactée la plus détaillée jamais réalisée à ce jour. C’est le fruit de plus de 13 ans d’observation avec Vista contenant plus de 1,5 milliard d’objets détectés sur 200 000 images couvrant une zone du ciel équivalente à 8 600 pleines lunespleines lunes.
« Nous avons fait tellement de découvertes que nous avons changé la vision de notre Galaxie pour toujours », déclare dans le communiqué de l’ESO l’astrophysicienastrophysicien Dante Minniti de l’université Andrés Bello au Chili, qui a dirigé l’ensemble du projet.
Des Céphéides et des étoiles hypervéloces
Lui et ses collègues ont ainsi répertorié dans notre Galaxie des étoiles de type RR Lyrae et des CéphéidesCéphéides. Or, ces étoiles variablesétoiles variables sont capitales pour l’établissement d’une échelle cosmique des distances et notamment, in fine, l’étude de la nature de l’énergie noireénergie noire. Le communiqué de l’ESO explique également que Vista « a permis d’obtenir une vue 3D précise des régions intérieures de la Voie lactée, qui étaient auparavant cachées par la poussière. Les chercheurs ont également suivi les étoiles hypervéloces – des étoiles rapides catapultées depuis la région centrale de la Voie lactée après une rencontre rapprochée avec le trou noir supermassif qui s’y trouve ».
Cette vidéo panoramique offre un regard rapproché sur la gigantesque nouvelle image des parties centrales de la Voie lactée réalisée en combinant des milliers d’images du télescope Vista de l’ESO de l’Observatoire Paranal au Chili que nous comparons avec une image en lumière visible. Ces données infrarouges, fournies par le sondage public VVV, ont été utilisées pour étudier un bien plus grand nombre d’étoiles individuelles dans les parties centrales de la Voie lactée que ce qui avait pu être étudié précédemment. Vista ayant une caméra sensible à la lumière infrarouge, il peut voir à travers une grande partie de la poussière qui obscurcit la vue de la lumière visible, bien que beaucoup plus de filaments de poussière opaques ressortent toujours bien sur cette image. © ESO/VVV Consortium/Nick Risinger (skysurvey.org) Music: Delmo — Acoustic (disasterpeace.com) Acknowledgement: Ignacio Toledo
Par chance, Futura connaît depuis des années l’un des membres de l’équipe ayant réalisé ces découvertes et nous avions parlé de ses travaux dans plusieurs articles précédents. Il s’agit de l’astronome brésilien Denilso Camargo, compatriote d’Arturo Avila, qui avec son collègue argentin Dante Minniti, actuellement en poste au Chili, avait notamment déjà découvert trois amas globulaires de plus dans le bulbe de la Voie lactée.
En poste à l’université fédérale du Rio Grande do Sul (Universidade Federal do Rio Grande do Sul, ou UFRGS), une université fédérale brésilienne située principalement à Porto Alegre, il nous avait expliqué dans une interview son parcours « Étudier l’astrophysique a toujours été un rêve pour moi, mais comme il n’y avait pas de cursus de premier cycle à ce sujet dans l’État du Rio Grande do Sul, la seule voie à suivre était d’étudier la physiquephysique. J’ai ensuite enchaîné masters, doctorats et postdocs en physique à l’UFRGS, en prenant l’astrophysique comme sous-domaine. Initialement, j’ai travaillé sur les amas ouverts d’étoilesamas ouverts d’étoiles connus en utilisant des observations de 2MASS. En utilisant des images de 2MASS, j’ai commencé à découvrir mes premiers amas ouverts, ceux qui sont appelés des embedded clusters (EC) en anglais. Ensuite, j’ai commencé à utiliser les données Wise pour rechercher de nouveaux amas ouverts. Wise est devenu un outil extrêmement utile dans la recherche de ces objets, en particulier les EC, qui sont les géniteurs des amas ouverts. Au total, j’ai découvert 1 101 amas stellaires, dont beaucoup sont des EC ».
Nous lui avons donc posé des questions sur cette nouvelle carte infrarouge de la Voie lactée qui contient des données recueillies dans le cadre de l’étude VISTA Variables in the Vía Láctea (VVV) et de son projet complémentaire, l’étude VVV eXtended (VVVX).
Ses réponses seront bientôt publiées dans cet article.
Grâce à cette vidéo, revivez l’expérience de William Herschel et sa découverte des rayonnements infrarouges. © CEA