Les arbres captent une belle part du dioxyde de carbone (CO2) que nous émettons dans l’atmosphère et une part de ce carbone est ensuite piégée dans les sols forestiers. Mais, avec le réchauffement climatique, la machine semble vouloir se gripper. Davantage de CO2 pourrait s’échapper des sols que n’en rajoutent les plantes.
Au cœur des forêts, les arbres consomment du dioxyde de carbone (CO2)). Les sols sur lesquels ils poussent stockent eux aussi du carbone par l’intermédiaire des organismes qui y vivent. Ceux qui se nourrissent des feuilles mortes, par exemple, empêchant ainsi le carbone capté par les arbres de retourner trop rapidement dans l’atmosphère. Et ainsi, les sols éliminent jusqu’à un quart de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre (GESGES). Dans le contexte du réchauffement climatique anthropique qui se met en place, on comprend bien l’importance pour les scientifiques de mieux saisir les mécanismes par lesquels les sols, notamment forestiers – qui stockent près de la moitié du carbone des sols – piègent mais aussi libèrent du CO2.
Avec la chaleur, la respiration des sols s’accélère
Un projet européen baptisé HoliSoils vise d’ailleurs en ce moment même à évaluer le potentiel de ces sols à continuer à jouer le rôle de puits de carbone. De leur côté, des chercheurs de l’université du Michigan (États-Unis) se sont penchés sur la question depuis plus d’une douzaine d’années. Et dans la revue Nature Geoscience, ils racontent aujourd’hui celle qu’ils qualifient d’« expérience du genre la plus réaliste au monde ».
Les chercheurs ont travaillé sur deux sites dans le nord du Minnesota. Sur la première parcelle, ils ont maintenu une température de 1,7 °C au-dessus de la température ambiante. Sur la seconde, une température de 3,3 °C. Ils rapportent une respiration – le processus par lequel le sol libère du CO2 – augmentée de 7 % dans le premier cas et de 17 % dans le second.
Le réchauffement climatique augmente les émissions de CO2 des sols
Les chercheurs notent toutefois que l’humidité des sols diminue en passant de la première à la seconde parcelle. Ce qui aurait tendance à limiter le phénomène. Car les microbesmicrobes sont plus à l’aise dans des sols humides. « Peut-être que les forêts ne vont pas perdre autant de carbone que si ce dessèchement n’avait pas lieu. Mais le message à retenir, explique Peter Reich, directeur de l’Institute for Global Change Biology de l’université du Michigan, dans un communiqué, c’est que les forêts de l’hémisphère Nordhémisphère Nord vont tout de même perdre plus de carbone que nous le souhaiterions. » D’autant que des chercheurs du Lawrence Livermore National Laboratory (États-Unis) nous apprennent en parallèle – toujours dans la revue Nature Communications – que concernant les forêts tropicales cette fois, le réchauffement et l’assèchement des sols exacerbent leurs émissions de CO2. À la fois en accélérant la perte du carbone le plus ancien et en réduisant l’incorporation de carbone plus récent.