Planter des arbres pour freiner le réchauffement climatique. L’idée est séduisante. Mais est-elle réaliste ? Des chercheurs affirment aujourd’hui que oui. Toutefois, pour obtenir des résultats, il faudra se montrer ambitieux et prudent.
Pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat, il ne suffira pas de réduire nos émissionsémissions de gaz à effet de serre. Il faudra aussi réussir à éliminer une part du dioxyde de carbone (CO2)) présent dans notre atmosphère. À grand renfortrenfort de technologies de capture et de stockage de carbone (CCS), mais aussi, en comptant sur des solutions plus naturelles. Planter des arbres reste en effet aujourd’hui la méthode la plus fréquemment utilisée pour éliminer le CO2 indésirable. Des objectifs ambitieux de reboisement de 490 millions d’hectares à l’horizon 2060 ont d’ailleurs été présentés.
Pour limiter le réchauffement climatique anthropique, il faudra planter beaucoup d’arbres
Des chercheurs de l’université Ludwig Maximilian de Munich (Allemagne) ont voulu savoir dans quelle mesure ces plans peuvent jouer sur notre climat. Dans la revue Nature Communications, ils détaillent comment ils ont travaillé sur plus de 1 200 scénarios issus de modèles d’évaluation intégrés (IAMIAM) – des modèles qui relient les politiques climatiques aux futures trajectoires énergétiques, économiques et d’utilisation des terres – ainsi que sur des cartes des priorités de restauration et des données sur la biodiversitébiodiversité pour élaborer un scénario de reboisement ambitieux. Un scénario qui tient compte aussi bien des défis techniques et économiques que des impacts sur la biodiversité et la disponibilité des terres dans les pays.
Le tout pour finalement estimer faisable, un reboisement de quelque 595 millions d’hectares d’ici 2060. Et même de 935 millions d’hectares d’ici 2100. Puis, les chercheurs ont lancé une simulation de ses effets sur notre climat dans le cas où — de plus en plus probable — nos efforts de réduction de nos émissions ne nous auraient pas permis de maintenir le réchauffement climatique anthropique sous la barre des 1,5 °C.
Planter des arbres en prenant garde aux effets sur les populations locales
Résultat, le reboisement pourrait réduire de 0,08 °C la température maximale que nous atteindrions au milieu de ce siècle. Et même l’abaisser de 0,2 °C d’ici 2100. Autre conclusion importante : planter des arbresarbres réduirait de 13 ans la période pendant laquelle nous devrions faire avec un réchauffement supérieur à 1,5 °C.
« Planter une forêt pourrait créer des emplois, des revenus et promouvoir les services écosystémiques », soulignent les chercheurs dans un communiqué. Cependant, même s’ils affirment que les effets positifs du reboisement l’emportent sur les effets négatifs, ils préviennent que « le reboisement, ce n’est pas la panacée ». Parce que planter une forêt « pourrait aussi priver les gens de leurs moyens de subsistance, exacerber la pauvreté, déplacer financièrement ou physiquement des personnes et perturber les réseaux alimentaires locaux. »