un rapport dénonce le massacre de plusieurs espèces marines en Guyane

Les alertes des pêcheurs légaux n’ont pas été écoutées. Selon un rapport publié le 16 septembre, la pêche illégale étrangère en Guyane aurait doublé en 12 ans, menaçant gravement plusieurs espèces marines.

« Plus de 60 % des navires observés sur les côtes guyanaises seraient illégaux en 2010 », peut-on lire dans un rapport de l’Ifremer publié en 2012 dénonçant les activités de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN)) dans les eaux guyanaises. « Non seulement cette flotte semble augmenter, mais le taux de récidiverécidive également », ces navires fuyant leurs eaux déjà largement surexploitées. Qu’en est-il douze ans plus tard ?

Un doublement de la pression de pêche illégale en 12 ans

La situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire. Selon un nouveau rapport publié mardi 16 septembre par le Comité régional des pêches maritimes (CRPMEM) de Guyane, le WWF et l’Ifremer, financé par le gouvernement, la pressionpression de pêche illégale étrangère aurait doublé ces douze dernières années. Chaque jour, 56 navires illégaux étrangers, en provenance du Brésil, du Suriname et du Guyana, pêchent dans les eaux guyanaises, contre 20 navires légaux français.

Cette pression de pêche INN serait même sous-estimée en raison de la non-considération des activités nocturnes et des filets maillants dérivant utilisés, allant jusqu’à 20 kilomètres de long, et dans lesquels s’enchevêtrent de nombreuses espèces de grands vertébrés, comme le dauphin de Guyane (Sotalia guianensis) ou des tortues marines. Parmi elles, l’emblématique tortue luth (Dermochelys coriaceaDermochelys coriacea) qui a connu un déclin de 95 % de sa population en 20 ans sur son site de ponte historique, dans l’ouest de la Guyane.

Qu’en est-il de la stratégie de lutte de l’État français ?

Paradoxalement, cette hausse de la pression de pêche illégale s’accompagne d’une hausse des moyens de lutte déployés par l’État français (LCPI), notamment via des patrouilles et contrôles de la police de la pêche qui effectuent des saisies des engins de pêche étrangers. Le rapport recommande des efforts conjoints en alliant un meilleur contrôle aux frontières et un développement de la coopération régionale. Mais qu’en est-il de la pêche illégale pratiquée par les navires français ? Bien que le rapport n’en fasse pas mention, certains pêcheurs français licenciés ne respectent pas la réglementation, lorsque d’autres pratiquent une pêche informelle sans licence. 

Au-delà des préoccupations socio-économiques se posent des questions environnementales : en effet, lorsqu’une espèce est surexploitée, c’est toute la chaîne trophique qui est perturbée. Que va-t-il advenir de l’écosystèmeécosystème côtier de Guyane face à l’effondrementeffondrement de l’acoupa rouge (Cynoscion acoupa), principal poissonpoisson consommé dans la région, et dont l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a enregistré un déclin des populations de 30 % ces vingt dernières années ?

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