Ce mardi 9 juillet sera un jour historique dans l’histoire de l’Europe spatiale. Ariane 6 volera pour la première fois ! Le décollage est prévu à 20 heures, heure de Paris. Découvrez toutes les informations au sujet de ce vol très attendu et rempli d’enjeux.
Tous les voyants sont au vert pour Ariane 6Ariane 6. La dernière revue a donné l’autorisation de lancer la chronologie du lancement. Ce dernier aura lieu mardi 9 juillet à 20 heures, heure de Paris (15 heures, heure locale) depuis le pas de tir ELA-4ELA-4 du Centre spatial guyanais à Kourou (CSG). La météométéo semble favorable.
Vous pourrez suivre le décollage en Live avec Futura !
Suivez le premier vol en Live ! © Futura
Les enjeux stratégiques de ce vol
On l’aura attendu longtemps (quatre ans de retard). L’ESA, qui a conçu Ariane 6, dirigera ce premier vol. Les vols ultérieurs seront opérés par les équipes d’ArianespaceArianespace. De nombreux reports techniques sont possibles. La fenêtrefenêtre de tir s’étend jusqu’à minuit heure de Paris). S’il y a besoin de reporter le tir à une autre date, il reste encore tout le mois de juillet avant que le CSG entame sa pause estivale.
Pour ce premier vol, Ariane 6 desservira l’orbite basse, à quelques centaines de kilomètres au-dessus de nos têtes, et non l’orbite géostationnaire. C’est la version A62 avec deux boosters latéraux qui décollera. Pour la version A64 avec quatre boosters, ce sera en 2025. Contrairement à Ariane 5Ariane 5, et grâce à son étage supérieur équipé de moteurs réallumables, Ariane 6 peut desservir toute orbite.
Ce vol en orbite basse est l’ultime qualification avant un second vol devant livrer un satellite militaire français (CSO-3) très important pour la défense européenne. De plus, à ces altitudes, Ariane 6 doit envoyer plusieurs centaines de satellites de télécommunication d’AmazonAmazon (15 à 18 vols prévus par la suite !)).
Chronologie des événements
Le vol durera deux heures, 51 minutes et 40 secondes. Ariane 6 mettra en orbite divers petits satellites et réalisera plusieurs démonstrations, dont la désorbitation contrôlée du second étage afin de ne générer aucun débris. Les premières étapes sont les suivantes :
- H0 : décollage : le moteur principal Vulcain 2.1 (carburants liquidesliquides) est allumé 7 secondes avant. La propulsion à ergolsergols solidessolides (poudre) des boosters fournit le gros de la poussée ;
- H + 2 min 16 s : séparationséparation des boosters ;
- H + 3 min 39 s : séparation de la coiffe protectrice, entrée dans l’espace ;
- H + 7 min 35 s : extinctionextinction du moteur Vulcain, séparation de l’étage principal, puis allumage de son moteur principal Vinci ;
- H + 18 min 32 s : extinction du Vinci.
Dans les deux heures et demie qui suivront, le second étage réalisera diverses manœuvres avec son moteur Vinci et son moteur auxiliaire APU. C’est la partie la plus risquée du vol car le second étage n’a pas pu être testé en conditions réelles (dans le vide). Ariane 6 mettra en orbite quelques nanosatellitesnanosatellites et larguera deux capsules. Le second étage réalisera aussi des manœuvres pour finir sa course dans l’océan Pacifique Sud.
Ils sont à bord d’Ariane 6
Pour ce premier vol risqué, l’ESA a proposé des places pour des cubesats (nanosatellites dont l’unité de volumevolume est un cube de 10 centimètres de côté). L’étage supérieur hébergera aussi plusieurs expériences embarquées, et larguera deux capsules de rentrée atmosphérique peu avant sa désorbitation, une appartenant à ArianeGroup et l’autre à la start-upstart-up franco-allemande The Exploration Company.
Les deux capsules serviront de démonstrateurdémonstrateur dans l’objectif de construire un vaisseau cargo capable de rapporter du fret sur Terre depuis l’orbite. The Exploration Company a d’ailleurs été retenue par l’ESA pour livrer un cargo européen.
Parmi les nanosatellites à bord d’Ariane 6, on retrouve le cubesat français Méditerranée (Robusta-3A) développé à Montpellier qui servira notamment à mesurer l’évaporation de l’eau de mer afin de mieux prédire les fortes pluies. À bord, on trouve aussi deux cubesats de la NasaNasa qui étudieront les sursautssursauts radio liés aux éruptions solaireséruptions solaires.
Arrivée tardive face à SpaceX
Avec quatre ans de retard et un design sans réutilisation, Ariane 6 est très critiquée pour sa faible compétitivité face au modèle économique de SpaceXSpaceX, qui fait voler une centaine de fuséesfusées Falcon 9Falcon 9 par an. La suite d’Ariane 6 sera désormais entre les mains des industriels plutôt que dans celles de l’ESA.
Le manifeste d’Ariane 6 reste bien rempli avec une trentaine de vols de programmés. Mais certains clients fuient peu à peu vers le géant américain, comme l’opérateur européen de satellite météo Eumetsat qui a annoncé faire voler son prochain satellite sur Falcon 9, à quelques jours du décollage…
Depuis 1979, l’Europe fait voler ses satellites avec des fusées Ariane, mais Ariane 6 reste vulnérable face à SpaceX et à l’essor agressif du spatial chinois et indien. L’avenir d’Ariane 6 dépend donc beaucoup du succès de son premier vol !