Un nouvel équipage a rejoint la station spatiale chinoise ce mercredi 30 octobre. Grâce à elle, la Chine parvient à assurer une présence continue de ses astronautes depuis plus de deux ans. Futura vous explique comment ça marche.
Les trois astronautes de la mission ShenzhouShenzhou-19 ont rejoint la station spatiale chinoise le 30 octobre, après un vol sans histoire depuis le site de lancement de Jiuquan. La routine s’est installée dans cette nouvelle station, toutefois les enjeux sont énormes.
La CSSCSS (China Space Station) n’a pas d’autre nom officiel, à la différence des deux précédentes stations Tiangong 1 et 2, lancées en préambule de celle-ci en 2011 et 2016, et désorbitées aujourd’hui. La CSS compte actuellement trois modules et sa taille avoisine celle de l’ancienne station russe MirMir, mais reste bien en dessous des dimensions de l’ISSISS.
Trois modules
Toutefois, le chantier de la CSS n’est pas terminé. La station compte actuellement trois modules, Tianhe, Wentian et Mengtian. Trois autres modules peuvent être greffés à l’avenir, ce qui pourrait multiplier les expériences scientifiques à faire à bord et celles-ci sont déjà nombreuses, hébergées dans 16 racks (armoires) dédiés.
Petite particularité : la station permettra au futur télescope spatial chinois Xuntian, l’équivalent d’HubbleHubble, de s’y amarrer afin de pouvoir en faire la maintenance sans nécessiter des navettes spatiales pour cela. Pour rappel, la Nasa a dépêché cinq missions avec la Navette spatiale pour Hubble, ce qui a coûté très cher.
La Lune dans le viseur
La Chine est le premier pays au monde à entretenir à la fois un programme lunaire habité et une station spatiale en orbite basse. Les États-Unis et l’Union soviétique avaient d’abord réalisé leur programme lunaire avant d’en venir aux stations spatiales. Aujourd’hui, seule l’Inde ambitionne la même chose dans son programme spatial, tandis que la Nasa compte déléguer l’avenir post-ISS à l’industrie spatiale privée pour avoir les mains libres avec le programme Artemis.
La CSS est un parfait laboratoire pour préparer les missions d’astronautes sur la Lune, ce que la Chine ambitionne pour 2030 au plus tard ! Le pays consolide son savoir-faire en matièrematière de procédures, de rendez-vous spatiaux automatisés, d’alerte anticollision avec un débris spatial et de sorties spatiales extravéhiculaires.
Entre expériences scientifiques, maintenance de la station et actions pédagogiques, les astronautes chinois font finalement la même chose qu’à bord de l’ISS où ils n’ont jamais pu accéder. Peu à peu, la Chine acquiert une expérience comparable aux différents partenaires de l’ISS qui lui servira à diminuer le risque des premiers vols lunaires, à l’instar des prochains vols Artemis habités, prévus dès l’année prochaine. La CSS sert évidemment de laboratoire pour tester les technologies nécessaires aux missions sur la Lune ou à la constructionconstruction d’une base lunaire.
International et industrie
Seul le vaisseau Shenzhou, dérivé de l’architecture du vaisseau SoyouzSoyouz, permet aux astronautes d’atteindre la station chinoise. Le fret est apporté par le vaisseau Tianzhou. Mais la Chine a déjà lancé un programme d’appel d’offre à l’industrie spatiale chinoise (qui s’est beaucoup développée depuis 10 ans) pour apporter du fret à la CSS et en rapporter sur Terre. Ce programme est similaire au Commercial Cargo Program de la Nasa, qui a propulsé SpaceXSpaceX en 2009, et à l’appel d’offre récemment lancé par l’Agence spatiale européenne.
Vous pouvez revivre le décollage de l’équipage Shenzhou-19 sur le Livestream animé par le média gouvernemental CCTV. Ces dernières années, la Chine communique de plus en plus sur son programme, mais a toujours la particularité de garder secret l’identité de l’équipage jusqu’aux derniers moments avant le décollage ! © CCTV
Enfin, la Chine compte sur la CSS comme outil pour internationaliser son programme de vol spatial habité. Plusieurs pays, comme le Pakistan, se sont beaucoup rapprochés de la Chine et pourraient bien y envoyer un astronaute. Ce volet international de la CSS fait écho à son programme de base lunaire internationale qui a déjà rassemblé plusieurs pays partenaires dans le monde.