La menace d’un astéroïde fonçant droit sur la Terre pourrait-elle encourager les gouvernements de notre Planète à mettre leurs différends de côté pour sauver l’humanité ? Les experts en défense planétaire convoqués récemment par la Nasa n’en sont pas tout à fait convaincus.
Tous les deux ans, la Nasa organise désormais un exercice dit de défense planétaire. Le cinquième du genre a eu lieu il y a quelques semaines. Objectif : évaluer notre capacité à répondre efficacement à la menace que pourrait constituer un astéroïde qui foncerait vers la Terre. Car Lindley Johnson, un officier émérite de la défense planétaire de la Nasa, le rappelle dans un communiqué : « Un impact majeur d’astéroïde est potentiellement la seule catastrophe naturellecatastrophe naturelle pour laquelle l’humanité dispose de la technologie nécessaire pour la prédire des années à l’avance et même pour prendre des mesures pour la prévenir ».
Et justement, les astronomesastronomes de la Nasa ont détecté un astéroïde se dirigeant à grande vitesse vers notre Terre. Il y a 74 % de chances pour qu’il heurte la Planète le 12 juillet 2038. Dans 14 ans, donc. Sur une ligne reliant Dallas à Alger en passant par Memphis et Madrid. Les premières estimations lui donnent un diamètre compris entre 80 et 800 mètres. De quoi promettre, au minimum, des destructions importantes sur la planète. Mais les astronomes ne pourront pas dire exactement à quoi nous devons nous attendre – ils ignorent à la fois sa taille exacte et sa composition – avant que l’astéroïde repasse du bon côté du Soleil. Dans sept mois…
Les moyens de la défense planétaire pour gérer la menace d’un impact d’astéroïde
Voilà pour le scénario sur lequel ont planché près de 100 représentants de toutes les agences gouvernementales américaines. Ainsi que, pour la première fois, des collaborateurs internationaux en matière de défense planétaire. « L’Organisation des Nations unies (ONU) a bien élaboré des procédures pour répondre aux tsunamistsunamis ou à d’autres événements majeurs. Pour un impact d’astéroïde, nous pensons que son ampleur sera telle que nous devrions discuter dès à présent de ce qu’il faudrait pour organiser une réponse internationale à si grande échelle », précise Leviticus Lewis, le responsable de l’Agence fédérale de gestion des urgences (Fema) des États-Unis.
Et tout ce beau monde avait en main, pour la première fois également, une nouvelle ressource capitale : les données de la mission Dart – pour Double Asteroid Redirection Test. Rappelons que la Nasa ne croyait guère au succès de cette mission. Elle estimait à 10 % seulement ses chances de réussite. Pourtant, le satellite, de la taille d’une voiturevoiture, a bel et bien heurté un astéroïde après avoir parcouru 7 millions de kilomètres. Et il l’a dévié de sa course. C’était en septembre 2022.
Mais l’humanité pourrait faire échouer les plans de défense planétaire
Alors, pour faire face à la menace de l’astéroïde imaginé pour l’exercice, les experts de la défense planétaire ont plutôt voulu attendre qu’il réémerge de derrière le Soleil. Pour en apprendre plus à son sujet. Puis, les représentants de la Nasa ont choisi de planifier une mission de survolsurvol. Tout en encourageant leurs partenaires internationaux à faire de même de leur côté. Une fois les données de trajectoire précises et de composition ainsi obtenues, les scientifiques ont opté pour l’intervention d’une mission de type DartDart. Le tout pour un montant de l’ordre de 1,5 milliard de dollars.
“Les personnes vivant dans la zone d’impact potentiel devraient être évacuées. Et cela concernerait sans doute plusieurs pays sur une zone très vaste”
Mais tout cela n’était qu’un exercice. Et dans la réalité, les experts en défense planétaire redoutent, en premier lieu, de rencontrer des difficultés pour financer ces missions tant que « l’impact n’est pas certain ». En second lieu, ils craignent les difficultés causées par la coopération internationale qui devrait nécessairement être mise en place pour vaincre une telle menace. Les personnes vivant dans la zone d’impact potentiel devraient être évacuées. Et cela concernerait sans doute plusieurs pays sur une zone très vaste. Qui en serait responsable ? Comment mettre une évacuation d’une telle ampleur en place ?
« Nous devons penser à nous organiser en amont. Sans quoi, les réalités politiques du moment [car si les astronomes ignorent quand, ils sont certains qu’un impact nous menacera] pourraient limiter les possibilités d’une action immédiate », ont commenté des participants. Sans parler des vaguesvagues de désinformation et de fake-news qui risqueraient de mettre tous les plans en péril. L’effet Don’t look up .
Résultat, à peine la moitié des experts interrogés en fin d’exercice pensent que nos dirigeants sont aujourd’hui prêts à mener des missions de préventionprévention des impacts d’astéroïdes avec la Terre. Alors que 75 % pensent en revanche que nous sommes techniquement prêts à le faire.