Selon l’IGN, l’Institut national de l’information géographique et forestière, « vigie de la forêt », celle-ci couvre 17,5 millions d’hectares, soit un tiers du territoire métropolitain : elle grandit, mais son état se dégrade, avec des répercussions sur son rôle de poumon vert.
La mortalité des arbres est passée de 7,4 millions de mètres cubes par an entre 2005 et 2013 à 15,2 Mm3 pour la période 2014-2022, 0,5 % du volumevolume total des arbres en forêt. En cause, des conditions de plus en plus défavorables pour les arbres, favorisant la prolifération des « bioagresseurs » (champignons, insectes, bactériesbactéries). S’y ajoute le « stress hydrique » : « manque d’eau » ou à l’inverse « trop d’eau, comme c’est le cas actuellement », a souligné Stéphanie Wurpillot, responsable du service qui réalise l’inventaire, lors d’une conférence de presse au siège de l’IGN à Saint-Mandé.
Un ralentissement de la croissance des arbres et une absorption de CO2 réduite
Publié tous les ans à partir des données collectées pendant les cinq années précédentes, l’inventaire note également un ralentissement de la croissance des arbres de 4 % (entre 2005-2013 et 2014-2022) et donc un fléchissement de leur absorption de CO2.
Les forêts métropolitaines ont absorbé 39 millions de tonnes de CO2 par an en moyenne sur la période 2014-2022, selon l’inventaire, contre 63 sur la période 2005-2013.
Évolution des stocks de carbone dans les forêts
Malgré ce ralentissement, le stock de CO2 qu’elle contient, et conserve ainsi hors de l’atmosphère, a augmenté de 17 % entre 2009 et 2023. Les 11,3 milliards d’arbres dénombrés par l’IGN en 2023 représentent un stock de 1,3 milliard de tonnes de carbonecarbone.
« Chaque hectare de forêt contient aujourd’hui en moyenne 81 tonnes de carbone dans ses arbres vivants », contre 73 en moyenne en 2009, selon l’IGN. L’augmentation à l’œuvre est en fait bien plus ancienne et s’explique par la densification de la forêt ces dernières décennies. En 1981, le stock moyen était de 58 tonnes de carbone par hectare, selon l’IGN.
Selon des chiffres publiés en mai par l’IGN et l’institut technologique FCBA, la capacité d’absorptionabsorption des forêts a été divisée par deux en l’espace d’une décennie. Et une projection à l’horizon 2050 estimait que « dans la grande majorité des (…)) scénarios » étudiés, « la séquestration du carbone en forêt continue de s’éroder sur la période de projection 2020-2050 ».
Une projection inquiétante pour les années à venir
Le CitepaCitepa, organisme mandaté pour réaliser l’inventaire français des émissionsémissions a, quant à lui, constaté entre 2019 et 2022 une baisse moyenne du stockage « de 2,1 % par an ». Une tendance qui va s’accélérer avec une trajectoire de réduction de -4 % par an entre 2029 et 2033, selon une anticipation de la Stratégie nationale bas carbone.
Le mois dernier, les experts du Haut conseil pour le climatclimat (HCC) s’étaient inquiétés de la faible absorption de CO2 dans les puits naturels, tels que les forêts, après que la France, qui vise la neutralité carboneneutralité carbone à l’horizon 2050, a échoué à respecter ses objectifs climatiques 2019-2023, notamment en raison de l’absorption moindre qu’espéré des forêts et des sols.
En comptant le carbone contenu dans les arbres morts et la matièrematière organique contenue dans le sol superficiel, le réservoir total de l’écosystème forestier est évalué à 2,8 milliards de tonnes de carbone par l’IGN.
De nouveaux indicateurs pour mesurer la santé forestière
L’institut a, en outre, présenté un nouvel indicateur, baptisé « Deperis », destiné à mesurer l’état de santé des arbres, en prenant en compte la présence de branches mortes dans leur partie haute. Selon cet indicateur, 8 % des arbres forestiers sont altérés.
Un autre indicateur vise à recueillir la présence de grands ongulés – cerfs, chevreuils et autres mouflons – qui peuvent endommager les arbres en broutant les tiges ou l’écorce, ou encore en se frottant. De telles traces sont présentes sur 29 % des jeunes arbres.