Le directeur général de l’Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher, a annoncé aujourd’hui au Salon aéronautique ILA de Berlin que le premier lancement d’Ariane 6Ariane 6 est prévu pour le 9 juillet depuis le port spatial de l’Europe en Guyane française, après 10 ans de développement pour construire ce lanceur, soit quatre ans de plus que prévu.
Garantir l’autonomie de l’accès à l’espace pour l’Europe
C’est une Ariane 6, dans sa version à 2 boosters, qui sera utilisée pour ce premier vol du lanceur lourd européen et qui prend la relève d’Ariane 5Ariane 5. Sa mise en service permettra à l’Europe de retrouver un accès autonome à l’espace, accès perdu à la suite du retrait trop précoce et des retards dans le développement d’Ariane 6, la fin de l’utilisation du SoyouzSoyouz depuis Kourou ainsi que les problèmes de fiabilité de VegaVega.
Pour ce premier vol, Ariane 6 lancera plusieurs satellites, dispenseurs (déployeurs en français) et expériences d’agences spatiales, d’entreprises, d’instituts de recherche, d’universités et de jeunes professionnels. Ces missions incluront une grande variété d’objectifs comme la mesure des rayons gamma, le suivi de la faunefaune sauvage, des tests de cellules solaires autoréparables ainsi que la confirmation de la théorie du rayonnement du corps noir. De plus, il est prévu que deux capsules de rentrée atmosphérique soient libérées et certaines expériences resteront attachées au lanceur pour suivre le vol d’Ariane 6 et mesurer différents paramètres. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détail sur ce premier vol.
En cas de succès de ce vol inaugural, un deuxième lancement d’Ariane 6 est prévu d’ici la fin de l’année, suivi d’une montée en cadence très progressive pour viser une dizaine de lancements par an en rythme de croisière.
Un lanceur moins commercial qu’institutionnel
Le marché dans lequel Ariane 6 arrive est très différent de celui dans lequel son développement a été décidé. Bien qu’efficace et doté d’une certaine innovation avec son étage supérieur réallumable Vinci lui permettant de lancer plusieurs missions sur différentes orbites en un seul vol, Ariane 6 ne pourra évidemment pas concurrencer les lanceurs Falcon de SpaceXSpaceX en termes de coûts. Ce manque de compétitivité par rapport à SpaceX n’est pas trop contraignant pour le lanceur européen qui « trouvera son public », comme on dit !
D’une part parce que la préférence européenne « contraindra » les États européens à l’utiliser pour lancer leurs satellites institutionnels — n’en déplaise aux Allemands — et d’autre part, les marchés, quels qu’ils soient, n’aiment pas les monopoles. Or, étant donné que la Russie est absente du marché pour des raisons connues, que la Chine est limitée par les règles ITAR qui restreignent l’utilisation de certains composants américains dans les lancements de satellites, et que l’Inde et le Japon ont une capacité d’emport limitée et un rythme de lancement insuffisant pour être considérés comme des alternatives fiables, les lanceurs Falcon Heavy et Falcon 9 de SpaceX sont actuellement en situation de quasi monopole, et forcément les plus compétitifs sur les marchés ouverts à la concurrence.
Cela dit, avec 30 missions déjà planifiées, Ariane 6 a déjà suscité un intérêt certain de la part de ses clients institutionnels et commerciaux. Les développements futurs et les performances lors du vol inaugural seront des éléments cruciaux pour évaluer la capacité d’Ariane 6 à être à la fois un lanceur souverain et compétitif sur le marché.
Article de Remy Decourt publié le 25/05/2024
Après un retard de quatre ans par rapport à sa date de mise en service initialement prévue, l’Agence spatiale européenne vient d’annoncer que le vol inaugural de la fuséefusée Ariane 6 est désormais prévu pour les deux premières semaines du mois de juillet. Ce lancement, très attendu, représente une étape importante pour que l’Europe retrouve sa compétitivité et son autonomieautonomie dans le domaine de l’accès à l’espace.
Initialement prévu pour juillet 2020, le développement de l’Ariane 6 a connu des difficultés liées à la pandémiepandémie de la Covid-19Covid-19 et à des défis techniques, entraînant plusieurs reports, comme nous l’avait expliqué Toni Tolker-Nielsen, directeur du Transport spatial à l’ESA (Agence spatiale européenne). Cependant le programme est aujourd’hui maîtrisé, les questions techniques comme le calendrier. C’est dans ce contexte optimiste que le groupe de travail sur le lanceur Ariane 6, réunissant des représentants de la Direction générale de l’ESA, du Cnes et d’ArianeGroup, a annoncé que la première tentative de lancement est prévue pour les deux premières semaines de juillet 2024.
Le bon rythme du développement d’Ariane 6
Cette décision intervient après la réussite de plusieurs jalons du programme, démontrant la solidité du lanceur ainsi que la fiabilité et la robustesse de sa conception conformes aux attentes. Parmi ces étapes clés, un test critique a été réalisé en novembre 2023 avec succès lors d’une répétition générale à grande échelle, le CTHF (Combined Hot-Firing Test), impliquant un allumage du moteur Vulcain 2.1 pour valider la phase de vol de l’étage principal de l’Ariane 6. D’autres essais réussis ont vérifié le bon fonctionnement du lanceur, y compris des tests en conditions dégradées avec le moteur réallumable Vinci de l’étage supérieur et un test de remplissage de tous les étages à Kourou en décembre.
Le saviez-vous ?
Les passagers de la première Ariane 6 sont arrivés à Kourou et sont prêts à être intégrés.
Après une revue complète du système de lancement Ariane 6 incluant le lanceur et le segment sol, menée sur quatre semaines, les prochaines étapes prévoient la finalisation de la revue de qualification du système de lancement mi-juin, suivie de la répétition générale du modèle de vol à Kourou, en Guyane française. Lors de cet essai crucial, Ariane 6 sera ravitaillée en carburant sur le pas de tir, puis vidée de son carburant en vue du lancement.
Une date précise pour la première tentative de lancement sera annoncée lors du salon aéronautique ILA de Berlin, qui se tiendra du 5 au 9 juin prochain, en présence de tous les membres du groupe de travail.