Évaluer la probabilité qu’une forme de vie intelligente existe quelque part dans notre Univers, ce n’est pas la première fois que des chercheurs s’y risquent. Mais cette fois, ils présentent leur formule comme la plus complète du genre. Et le résultat pourrait bien être décevant.
L’équation de Drake. Tous ceux qui s’intéressent à la question de la vie extraterrestre en ont au moins entendu parler. Parce qu’elle permet, en principe, de se faire une idée du nombre de civilisations technologiquement avancées dans notre Voie lactée avec lesquelles nous pourrions entrer en contact, à partir de la fraction d’étoiles de notre galaxie dotées de planètes ou encore du temps nécessaire à une civilisation pour se développer. En pratique, elle constitue surtout, pour les astronomesastronomes, une sorte de guide qui les oriente dans leur quête d’une forme de vie extraterrestre intelligente.
Plus de 60 ans après l’élaboration de cette équation par l’astronome américain Frank Drake, une équipe européenne dirigée par des astrophysiciensastrophysiciens de l’université de Durham (Royaume-Uni) en propose une sorte de mise à jour – ou plutôt, d’extension. Leur approche cherche non pas à fixer un nombre absolu de civilisations développées dans notre Univers, mais à estimer une probabilité relative pour qu’il en apparaisse une. Ils expliquent leur cheminement dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
Rappelons que l’équation de Drakeéquation de Drake se concentrait sur notre Voie lactée. En 2016, déjà, des chercheurs avaient étendu sa portée à l’ensemble de notre Univers. Les astrophysiciens de l’université de Durham, eux, viennent de lui donner une nouvelle dimension. Une dimension multiverselle !
Pour ce faire, ils ont tout misé sur un paramètre particulier : la quantité d’énergie noire présente dans un univers donné. Le nôtre ou un autre. Cette forme d’énergieénergie qui échappe un peu à notre entendement explique, entre autres, pourquoi notre Univers s’étend à un rythme accéléré. Pour le sujet qui nous intéresse ici, il faut savoir que les astronomes estiment que l’énergie noireénergie noire influence aussi le nombre d’étoiles qu’un univers peut former. Et par là même, le nombre de planètes et aussi, de civilisations intelligentes qu’il peut développer. Puisque sans étoile ni planète, il n’y a évidemment pas de vie possible.
Trop peu d’étoiles dans notre Univers pour donner sa chance à la vie
Pour que la mayonnaise prenne, il faut une quantité de matière noirematière noire juste suffisante pour que la matière ordinaire puisse s’agglomérer pendant quelques milliards d’années. Le temps nécessaire à ce que des étoiles, des planètes et enfin la vie apparaissent. Et ce que les astronomes de l’université de Durham ont découvert, c’est qu’un univers composé de la quantité d’énergie noire qui permettrait à 27 % de la matière ordinaire de se rassembler formerait un nombre maximum d’étoiles. Avec le plus de chances donc, pour qu’il s’y développe une forme de vie intelligente à un moment ou à un autre de son histoire.
Or, dans notre Univers, il est établi qu’environ 23 % « seulement » de la matière ordinaire est convertie en étoiles. Il n’est donc pas parmi les plus prolifiques en la matière. Et de ce fait, sans doute pas non plus parmi les univers les plus susceptibles de donner naissance à une forme de vie intelligente. « Il sera passionnant d’utiliser ce modèle pour explorer l’émergenceémergence de la vie dans différents univers et voir si certaines questions fondamentales que nous nous posons à propos de notre propre Univers doivent être réinterprétées », conclut Lucas Lombriser, professeur à l’université de Genève.