Les roches de l’île de Pâques aident à percer les secrets du manteau terrestre

L’île de Pâques est intrigante à plus d’un titre : pour son étonnante collection de statues géantes, mais aussi par la composition de ses roches volcaniques. Ces dernières présentent en effet une forme de paradoxe temporel. Âgées de 2,5 millions d’années, elles contiennent des minéraux beaucoup plus anciens. Mais une équipe de chercheurs pourrait bien avoir trouvé la réponse à ce mystère.

Si l’île de Pâques est célèbre pour ses statues, elle présente également un grand intérêt pour les géologuesgéologues. Il s’agit en effet d’une île volcanique située dans l’océan Pacifique, créée par l’éruption de volcans de points chauds il y a 2,5 millions d’années. L’île fait en effet partie d’une chaîne d’îlots et de volcans sous-marins qui s’étale sur 2 700 kilomètres. Pour rappel, ces chaînes volcaniques sont produites par le déplacement de la plaque océanique au-dessus d’un panache magmatique, considéré comme fixe, qui remonte de la base du manteaumanteau.  

Des minéraux âgés de 165 millions d’années dans des laves beaucoup plus jeunes !

Toutefois, une équipe de chercheurs a mis au jour un étrange paradoxe temporel : si les laves ont bien été émises il y a 2,5 millions d’années, elles contiennent des minérauxminéraux appelés zirconszircons, qui dateraient de 165 millions d’années. Le mystère s’est épaissi lorsque les analyses chimiques ont révélé que les zircons provenaient de la même source magmatique que les volcans actuels de l’île. Il est pourtant totalement exclu que les volcans de l’île de Pâques aient été actifs il y a 165 millions d’années, tout simplement parce que la plaque océanique qui les porteporte… n’existait pas à cette époque !

Pour résoudre cette énigme, les chercheurs ont simulé le mouvementmouvement des plaques dans le passé et les potentiels processus volcaniques associés. Il est ainsi apparu qu’il y a 165 millions d’années, l’endroit où se trouve actuellement l’île de Pâques était occupé par un vaste plateau volcanique produit par le point chaud. Ce plateau a bien sûr aujourd’hui disparu, emporté par subduction sous la plaque antarctique il y a 110 millions d’années.

Un point chaud très ancien et un manteau moins mobile qu’on ne le pensait

Ce scénario est particulièrement intéressant car il permet d’expliquer une phase de déformation de la croûtecroûte antarctique à ce moment précis, qui serait liée à l’entrée en subduction du plateau magmatique. Ces résultats, publiés sur le site ESS Open Archive (mais non encore revus par des pairs), suggèrent que le point chaud de l’île de Pâques est actif depuis très longtemps, ce qui permet d’expliquer la présence de zircons vieux de 165 millions d’années dans les laves beaucoup plus récentes. Ces minéraux, formés lors d’un précédent événement volcanique, auraient en effet été stockés tout ce temps au sein du manteau avant d’être emportés avec le nouveau magmamagma produit lors de la formation de l’île de Pâques.

Cette hypothèse a toutefois une implication géodynamique importante : elle nécessite que les courants qui animent perpétuellement le manteau soient plus lents qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Dans le cas contraire, les zircons formés il y a 165 millions d’années auraient en effet tout simplement été emportés plus loin et n’auraient pas pu être retrouvés dans les roches volcaniquesroches volcaniques de l’île de Pâques.

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