Vous pensiez que seuls les êtres humains étaient capables de sauver des vies grâce à la chirurgie ? Voici que des scientifiques remettent en cause cette vision du monde : ils ont observé des fourmis procéder à des amputations sophistiquées !
Des animaux ont déjà été surpris à soigner d’autres de leurs congénères blessés. Et même des fourmis. Il y a quelques mois, des chercheurs montraient ainsi que des fourmis Megaponera analis utilisent une glandeglande pour inoculer, dans les plaies d’autres fourmis, des composés antimicrobiens destinés à éviter les infections. Aujourd’hui, des chercheurs de l’université de Würzburg (Allemagne) racontent, dans la revue Current Biology, comment des fourmis charpentières de Floride vont un peu plus loin.
Pour traiter leurs compagnes et sœurs, elles utilisent ce qu’ils qualifient de « moyens mécaniques ». Des moyens qui peuvent aller jusqu’à l’amputationamputation d’une patte. Le seul exemple connu, dans le règne animal – hors humanité – d’un recours à la chirurgiechirurgie ciblée. Parce que non seulement les fourmis charpentières de Floride (Camponotus maculatus)) se montrent capables d’amputer une compagne, mais en plus, elles le font de manière qui semble réfléchie.
Une amputation décidée en fonction de la blessure de la fourmi
Les écologistes ont observé le comportement de fourmis charpentières face à l’une des leurs présentant une blessure infectée. Les blessures au tibiatibia ont bénéficié d’un nettoyage par une compagne. Les blessures au fémurfémur, quant à elles, ont été nettoyées avant que la patte touchée soit amputée. Résultat, alors que le taux de survie sans intervention d’une autre fourmi ne dépasse pas respectivement les 15 et les 40 %, les soins apportés par les compagnes de la blessée ont permis de faire grimper les taux de survie à 75 et 90 à 95 %.
Pour les chercheurs, le choix des fourmis de ne pas amputer après une blessure au tibia semble surprenant. Parce qu’ils savent que chez les fourmis, les blessures au tibia n’entravent pas le flux de l’hémolymphe. Ainsi, des bactériesbactéries peuvent pénétrer plus rapidement le corps qu’en cas de blessure au fémur. Mais c’était sans compter un paramètre que les fourmis connaissent bien.
Il leur faut environ 40 minutes pour amputer la patte de l’une de leurs compagnes. Or en cas de blessure au tibia, l’infection se répand bien plus rapidement que cela. Ainsi les fourmis seraient-elles physiquement incapables d’amputation avant qu’il ne soit trop tard. Elles préfèrent donc consacrer le temps qui leur est imparti pour sauver leur compagne à nettoyer minutieusement la plaie.
Les fourmis charpentières de Floride intriguent les chercheurs
Le fait que les fourmis semblent en mesure de diagnostiquer la gravité d’une blessure laisse les chercheurs sans voix. Ils évoquent « le seul système médical qui puisse rivaliser avec celui des humains ». Reste à savoir comment ces fourmis deviennent capables de prodiguer des soins aussi précis.
Parce que les scientifiques n’en ont pour l’heure pas trouvé de preuve d’un quelconque apprentissage. Ils espèrent aussi comprendre comment la douleur est supportée par la fourmi qui subit l’amputation sans bouger et en restant consciente de bout en bout.
En parallèle, les écologistes ont déjà commencé à étudier d’autres fourmis qui, comme les fourmis charpentières de Floride, sont dépourvues de glandes antimicrobiennes. Pour savoir si elles aussi ont recours à de telles amputations sophistiquées.