Un communiqué de l’Institut SetiSeti (SETI Institute, en anglais) vient de faire savoir que des internautes, un homme et sa fille dont le nom restera secret à leur demande mais qui ont été appelés John et Sarah, ont finalement percé le mystère du projet A Sign in Space.
Futura vous en avait déjà parlé dans les deux articles précédents ci-dessous qui expliquaient que cet institut californien, qui continue le fameux programme Seti, voulait essayer de répondre à une simple question : « Que se passerait-il si nous recevions un message d’une civilisation extraterrestre ? ». Pour cela, il avait été décidé de faire appel à l’artiste Daniela de Paulis en résidence dans cet institut et à l’Observatoire de Green Bank (célèbre radiotélescope du programme Seti).
Dans un précédent communiqué de l’Institut Seti, il y a plus d’un an Daniela de Paulis expliquait que « tout au long de l’histoire, l’Humanité a cherché un sens à des phénomènes puissants et transformateurstransformateurs. Recevoir un message d’une civilisation extraterrestre serait une expérience profondément transformatrice pour toute l’Humanité. A Sign in Space offre l’opportunité sans précédent de se préparer concrètement en le simulant à ce scénario grâce à une collaboration mondiale, favorisant une recherche ouverte de sens dans toutes les cultures et disciplines ».
Un message de Martiens ?
Avec des collaborateurs, elle avait donc conçu un message codé que l’orbiteur ExoMars de l’Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) avait transmis à la Terre le 24 mai à 19 h 00 (UTC)), avec réceptionréception sur Terre 16 minutes plus tard par trois des observatoires de radioastronomie de classe mondiale situés à travers le monde et déjà impliqués de longue date dans le programme Seti. Il s’agit notamment du réseau de télescopes Allen (ATA) du l’Institut Seti, du télescope Robert C. Byrd Green Bank (GBT) de l’observatoire de Green Bank (GBO) et de l’observatoire de la station radioastronomique de Medicina géré par l’Institut national italien d’astrophysique (Inaf).
Le signal fut ensuite disponible pour tous – scientifiques, artistes et le grand public – afin de le décoder et de l’interpréter, ainsi que sa signification pour l’Humanité dans les semaines qui suivirent, Daniela de Paulis précisant que « toute personne travaillant à décoder et à interpréter le message peut discuter du processus sur le serveurserveur A Sign in Space de Discord ».
A Sign in Space est un projet interdisciplinaire de l’artiste médiatique Daniela de Paulis, en collaboration avec l’Institut Seti, l’Agence spatiale européenne, l’Observatoire de Green Bank et l’Inaf, l’Institut national italien d’astrophysique. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « français ». © A Sign in Space
La noosphère avait séché jusqu’à présent mais le contenu du message a donc été révélé par l’Institut Seti qui explique maintenant que le message « était une image simple avec cinq acides aminésacides aminés affichés dans une notation de diagramme moléculaire organique universel, accompagnée de quelques points de pixelpixel uniques apparaissant entre les groupes et les diagrammes moléculaires » (plus de détails sur son décodage à retrouver dans le communiqué).
Pour Daniela de Paulis « A Sign in Space mêle théâtre et science, dans le but de démêler le processus complexe de décodage d’un message extraterrestre et l’interprétation de sa signification a favorisé la coopération internationale en impliquant la communauté mondiale Seti, des professionnels de divers domaines et le grand public, facilitant ainsi un dialogue significatif sur Seti, la recherche spatiale et leurs implications dans diverses cultures et domaines ».
Participez à une expérience de communication avec des aliens !
Article de Laurent SaccoLaurent Sacco, publié le 27 mais 2023
Une civilisation extraterrestre très avancée, peut-être sous forme de super-IA, a-t-elle décidé d’émettre pendant des millénaires, voire des millions d’années, des messages radio à destination d’autres civilisations dans la Voie lactée ? Avons-nous reçu un tel message sur Terre ou, ce qui se passe depuis le 24 mai 2023 sous l’impulsion de l’Institut Seti, n’est-il qu’une simulation, un exercice pour préparer la noosphère à un premier contact dans le futur avec des E.T. ? Vous voulez en savoir plus, alors lisez cet article !
Il y a plus de 45 ans, les sondes Voyager s’élançaient vers les étoiles pour accomplir un Grand Tour du Système solaire tout en emportant chacune un disque à destination d’une civilisation extraterrestre. Baptisé Golden Record, il témoigne de l’existence de la vie et de l’Humanité sur Terre.
Ils peuvent durer plusieurs milliards d’années selon leur créateur, duréedurée pendant laquelle une civilisation extraterrestre capable de détecter et de récupérer de telles bouteilles à la mer interstellaires le fera peut-être, bien que les chances que cela se produise soient infinitésimales. Chacun de ces disques est en cuivrecuivre doré recouvert d’aluminiumaluminium dans lequel ont été injectés des atomesatomes d’uraniumuranium 238 radioactifs. C’est un isotopeisotope dont la demi-viedemi-vie est d’environ 4,5 milliards d’années. Quelle que soit la civilisation E.T. dans la Voie lactée qui les découvrira peut-être un jour, avant que le Soleil ne devienne une géante rougegéante rouge par exemple, elle pourra donc dater le disque et la sonde qui l’emporte.
Une présentation de l’Institut Seti. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Seti Institute
Le fait que les chances que ces disques soient un jour l’objet de l’attention d’une intelligenceintelligence non humaine soient quasi nulles était bien compris par Carl Sagan et Frank Drake lorsqu’ils ont commencé à réfléchir à l’idée du Golden Record.
Il s’agissait en fait d’un projet symbolique destiné à marquer l’esprit du grand public pour le sensibiliser notamment à la possibilité de l’existence de civilisation E.T. et à ce que cela signifierait pour nous qui cherchons à comprendre notre place dans le CosmosCosmos au moyen de la Science. Plus pragmatiquement, il s’agissait aussi de continuer à avoir le soutien du grand public pour l’exploration spatiale et pas seulement pour le programme Seti.
On peut sans doute faire un rapprochement partiel avec le projet A Sign in Space lancé par l’Institut Seti ce mercredi 24 mai 2023. Futura vous avait parlé de ce projet dans le précédent article ci-dessous. Ce projet est présenté comme l’occasion pour la noosphère non seulement de simuler ce qui se passerait à l’arrivée d’un message E.T. sur Terre conformément aux espérances du programme Seti, mais aussi de permettre à ses membres de prendre connaissance de la façon dont Seti et la communauté scientifique connectée à Seti effectueraient la détection d’un tel message et tenteraient de le décoder.
Malicieusement, on peut peut-être se demander si un vrai message n’a pas été reçu et que le jeu de devinettes auquel le grand public est convié lui aussi, puisque le signal présenté est accessible à toute personne voulant le décoder, n’est pas en fait le moyen de nous faire accepter en douceur que nous sommes à l’année du premier contact comme dans le film avec Jodie Foster.
Vous voulez le savoir ? Alors prenez part au jeu en regardant le Live de l’Institut Seti avec la principale personne à l’origine du message désormais disponible au téléchargement : Daniela de Paulis.
Le live du lancement du projet A Sign in Space. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « français ». © Seti Institute
Le live a été commenté par Elisabeth Piotelat, membre de Seti France.
Vous pouvez aussi prendre part à la discussion sur le décodage du message sur le forum de Futura.
Article de Laurent Sacco, publié le 23/05/2023
Quelles seraient selon vous vos réactions et celles de la communauté scientifique autour du programme Seti à la suite de la détection d’un message en provenance d’une civilisation extraterrestre avancée ? Le projet A Sign in Space va vous donner l’occasion de le savoir en simulant cet événement et en ouvrant même l’analyse et l’interprétation de ce message à tous les membres de la noosphère sur le Web. L’arrivée du Message, c’est ce 24 mai 2023 au soir et après tout qui nous dit qu’il s’agit vraiment d’une simulation et pas d’une manière de nous annoncer en douceur que nous avons bel et bien capté un message E.T. ?
Comme Futura l’avait déjà expliqué, le célèbre et regretté exobiologiste Carl Sagan, à l’origine avec sa femme Ann Druyan de la série Cosmos et également auteur du roman Contact porté à l’écran par Robert Zemeckis avec Jodie Foster, a plusieurs fois expliqué qu’une des motivations du programme Seti pour entrer en communication avec une civilisation extraterrestre avancée était de savoir si l’Humanité avait une chance de sortir de son adolescenceadolescence turbulente sans se suicider.
Rappelons que le programme Seti, Search for Extraterrestrial Intelligence, que l’on peut traduire par « recherche d’une intelligence extraterrestre », existe depuis les années 1960. Il repose sur l’idée que devant le gouffregouffre séparant dans l’espace et dans le temps d’éventuelles civilisations extraterrestres de la Voie lactée, l’écoute et l’envoi de signaux radio est probablement le seul moyen dont elles disposent pour se signaler et communiquer les unes avec les autres.
60 ans de programme Seti
Comme bien d’autres, des années 1950 aux années 1980, Sagan craignait un holocauste en raison d’une guerre nucléaire. De nos jours, ce sont surtout les conséquences du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources, conduisant en premier lieu à un effondrement de la civilisation, et peut-être ensuite un holocauste nucléaire en conjonctionconjonction avec les risques des armes autonomes douées d’une IA surpassant ChatGPT d’OpenAI, qui nous angoissent. Savoir que des civilisations E.T. ont survécu aux défis actuels pour la noosphère, et peut-être même comment, est donc toujours d’actualité pour quasiment les mêmes raisons que du temps de Carl SaganCarl Sagan.
Le saviez-vous ?
En septembre 1959, la revue Nature publiait un article visionnaire de Giuseppe Cocconi, qui joua un rôle important dans la mise en route du Proton Synchrotron du Cern, et de Philip Morrison, qui avait participé au projet Manhattan. Son titre, Searching for Interstellar Communications, allait devenir célèbre sous la forme d’un acronyme, c’est-à-dire Seti.
Les deux physiciens y tenaient le raisonnement suivant : si des civilisations extraterrestres avancées existent dans la Galaxie, elles pourraient communiquer entre elles ou avec leurs colonies à l’aide d’ondes radio. En considérant les longueurs d’onde les plus propices à la transmission lointaine de signaux clairs, malgré le bruit de fond radio galactique, ils avaient conclu que la bande radio la plus adaptée était celle, étroite, entourant la longueur d’onde de 21 centimètres.
De plus, cette bande correspond à une transition dite hyperfine dans l’atome d’hydrogène neutre, l’élément le plus abondant de l’Univers. C’était donc un bon moyen pour établir un standard de communication, naturellement adopté par toute civilisation développée.
Un jeune radioastronome, Frank Drake, était alors parvenu à des conclusions similaires. En poste au radiotélescope de Green Bank, il lança donc le 8 avril 1960 le projet Ozma, du nom d’une princesse du pays d’Oz. Pendant deux périodes de deux mois, Drake et ses collègues écoutèrent avec le radiotélescope de Green Bank deux étoiles semblables au Soleil et situées à moins de 15 années-lumière, Tau Ceti et Epsilon Eridani.
Le résultat fut négatif. Soixante ans après Drake, toujours vivant, le programme Seti est toujours d’actualité. Il a reçu en 2015 une impulsion importante via le projet Breakthrough Initiative du milliardaire Yuri Milner. Soutenu à l’époque par Stephen Hawking ainsi que Kip Thorne, le prix Nobel de physique et conseiller scientifique du film Interstellar, et Ann Druyan, la veuve de Carl Sagan, il visait à donner 100 millions de dollars en dix ans au programme Seti.
C’est sans doute pour continuer de sensibiliser l’Humanité à cette problématique et parce que les progrès de la technologie et de l’intelligence artificielleintelligence artificielle donnent de nouvelles ailes au programme Seti, mais aussi pour répondre à la simple question « Que se passerait-il si nous recevions un message d’une civilisation extraterrestre ? », que le célèbre Institut Seti a décidé de collaborer avec l’artiste Daniela de Paulis. En résidence dans cet institut et à l’Observatoire de Green Bank (célèbre radiotélescope du programme Seti), elle a eu l’idée de lancer le projet A Sign in Space. Ce 24 mai 2023, peu après 20 h en France et en compagnie de l’astronomeastronome français Franck Marchis, bien connu des lecteurs de Futura pour son implication dans la création de l’eVscope de la compagnie Unistellar, elle animera un live sur YouTubeYouTube au sujet de ce projet.
Un message E.T. transformateur pour la noosphère ?
Dans le communiqué de l’Institut Seti (SETI Institute, en anglais) relatant de quoi il en retourne, Daniela de Paulis explique que « Tout au long de l’histoire, l’Humanité a cherché un sens à des phénomènes puissants et transformateurs. Recevoir un message d’une civilisation extraterrestre serait une expérience profondément transformatrice pour toute l’humanité. A Sign in Space offre l’opportunité sans précédent de se préparer concrètement en le simulant à ce scénario grâce à une collaboration mondiale, favorisant une recherche ouverte de sens dans toutes les cultures et disciplines ».
Avec des collaborateurs, elle a donc conçu un message codé que l’orbiteur ExoMarsExoMars de l’ESA transmettra en direction de la Terre le 24 mai à 19 h 00 (UTCUTC), avec réception sur Terre 16 minutes plus tard par trois des observatoires de radioastronomie de classe mondiale situés à travers le monde et déjà impliqués de longue date dans le programme Seti. Il s’agit notamment du réseau de télescopes Allen (ATA) du Seti Institute, du télescope Robert C. Byrd Green Bank (GBT) de l’observatoire de Green Bank (GBO) et de l’observatoire de la station radioastronomique de Medicina géré par l’Institut national italien d’astrophysiqueastrophysique (Inaf).
La simulation de la réception d’un message en provenance d’une civilisation avancée se poursuivra comme si elle était réelle avec l’enregistrement et le traitement du signal identifié comme ne pouvant clairement pas provenir d’un phénomène naturel ou d’une interférenceinterférence avec la technologie terrestre. Toutes ces opérations seront effectuées par le Seti Institute « qui stockera en toute sécurité les données traitées en collaboration avec Breakthrough Listen Open DataOpen Data Archive et Filecoin, le plus grand réseau de stockage décentralisé au monde ».
Le signal sera ensuite disponible pour tout le monde, scientifique, artiste, le grand public afin de la décoder et de l’interpréter, ainsi que sa signification pour l’Humanité dans les semaines qui suivront. Des discussions par zoom et sur les réseaux sociauxréseaux sociaux encadreront et accompagneront les développements autour de la réception de ce signal E.T. simulé.
« Toute personne travaillant à décoder et à interpréter le message peut discuter du processus sur le serveur A Sign in Space de Discord ». Les soumissions de découvertes, de réflexions et d’apports artistiques et scientifiques peuvent être faites via le formulaire de soumission dédié sur le site Web du projet. Après la transmission, l’équipe A Sign in Space animera une série de discussions basées sur Zoom ouvertes au public autour de sujets qui tiennent compte des implications sociétales de la détection d’un signal provenant d’une civilisation extraterrestre. Les discussions auront lieu six à huit semaines après la transmission. Une liste d’événements avec des liens d’inscription est ici.
Un message codé, mais quel code pour des E.T. ?
À quoi pourrait ressembler ce décodage ? Pour en avoir une idée remontons à quelques décennies, alors que l’euphorieeuphorie du programme Apollo était en train de retomber et que l’exobiologie et le programme Seti donnaient l’espoir d’une prochaine communication avec une forme d’intelligence extraterrestre. Pour beaucoup même, les E.T. (extraterrestrials) étaient déjà là et nous visitaient avec des soucoupes volantes. Pour marquer l’esprit du public et probablement aussi pour attirer par ce moyen les financements des décideurs politiques, Carl Sagan et Frank DrakeDrake décidèrent d’envoyer un message à destination de ces E.T.
En effet, pour illustrer le principe des communications interstellaires et éveiller l’intérêt, quoi de mieux que d’envoyer nous-mêmes un message ? C’est donc ce qui fut fait à l’aide du grand radiotélescope d’Arecibo le 16 novembre 1974.
Pendant trois minutes, un signal radio fut émis en direction de l’amas d’Hercule (M13M13), un célèbre amas globulaireamas globulaire situé à 25 000 années-lumièreannées-lumière. Se basant sur l’idée que le seul langage universel devait être celui des mathématiques, le message lui-même était constitué d’une série de nombres binairesnombres binaires, des 0 et des 1, au nombre de 1 679 (le produit de deux nombres premiersnombres premiers, 23 et 73). Ces nombres donnent les dimensions d’un tableau dans lequel on peut représenter par des carrés noirs et blancs les 1 679 nombres binaires du message lui-même.
L’information arrangée selon 73 lignes et 23 colonnes donne alors une image. Si on lit de droite à gauche, elle montre les chiffres de 1 à 10, les numéros atomiquesnuméros atomiques de l’hydrogènehydrogène, du carbonecarbone, de l’azoteazote, de l’oxygèneoxygène et du phosphorephosphore, les formules chimiques des sucressucres et des bases dans les nucléotidesnucléotides de l’ADNADN, les nombres de nucléotides dans l’ADN, la structure en double hélice de l’ADN, un croquis de l’être humain et sa taille, la population de la Terre, le Système solaire, et une image du radiotélescope d’Areciboradiotélescope d’Arecibo avec son diamètre.