Dans le cadre de cette étude, publiée dans la National Academy of Sciences, la participation du grand public a eu une importance fondamentale. En effet, grâce à la base de donnéesbase de données en ligne eBird, développée par la Cornell University, plus de 600 000 ornithologues amateurs ont pu enregistrer près d’un milliard d’observations entre 2010 et 2019. Les résultats intègrent 92 % des espèces évoluant actuellement sur Terre, et en s’appuyant sur ces données partagées, les scientifiques ont développé un algorithme visant à estimer la population mondiale réelle de chaque espèce d’oiseau – les 8 % restant ayant un impact négligeable sur l’estimation globale, d’après les auteurs. Résultat : près de 50 milliards d’oiseaux évoluent actuellement sur Terre, appartenant à 9 700 espèces différentes. Mais elles ne sont pas toutes égales…
Le « club du milliard » et tous les autres…
D’après les estimations, seules quatre espèces connaissent un effectif dépassant le milliard d’individus : le Moineau domestique (Passer domesticus)) avec 1,6 milliard, l’Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) avec 1,3 milliard, le Goéland à bec cerclé (Larus delawarensis) avec 1,2 milliard, et l’Hirondelle rustique (Hirundo rustica) avec 1,1 milliard). Face à ce « club du milliard », les chercheurs ont estimé que 12 % des espèces considérées dans l’étude étaient représentées par moins de 5 000 individus. C’est le cas de la Sterne huppée chinoise (Thalasseus bergiiThalasseus bergii), le Lagopède alpin (Lagopus muta), ou encore le Râle de Wallace (Habroptila wallacii). Bien que les chercheurs reconnaissent l’existence d’un certain degré d’incertitude dans ce genre d’étude manipulant des données numériquesnumériques colossales, ces résultats représentent les données les plus complètes à ce jour pour de nombreuses espèces.
Les oiseaux : indicateurs de l’état de santé de la nature
Comme le définit la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux, qui réalise des suivis ornithologiques en France, « le suivi de populations est une démarche scientifique pour évaluer l’évolution d’une ou de plusieurs espèces au fil du temps afin de déterminer sa tendance ». L’espèce est-elle en déclin, en croissance, ou bien stable ? Les réponses peuvent servir à la recherche, à la gestion des populations, à la protection des habitats, ou encore à l’élaboration de réglementations.
Les oiseaux sont appropriés pour mesurer de nombreux impacts, car ils sont largement distribués géographiquement et occupent des niches écologiques variées. De plus, ils sont faciles à observer et à identifier, comme le démontre pour la douzième année consécutive l’Observatoire des oiseaux des jardins, un événement qui a eu lieu les 25 et 26 mai derniers, à l’initiative de la LPO associée à l’équipe Vigie Nature du Muséum national d’Histoire naturelleMuséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et à l’Office français de la biodiversité (OFB) – par ailleurs, il s’agit du plus important dispositif français de sciences participatives impliquant le grand public !
Alors, ouvrez grands vos yeuxyeux et vos oreilles, c’est la meilleure saison pour observer les oiseaux ! Et vous savez désormais que ces observations peuvent servir à leur conservation, alors… Cui-cui ! (Ça veut dire « merci » en langue merle !).
Article de Céline DeluzarcheCéline Deluzarche publié le 23 mai 2021
Une nouvelle étude, basée sur une méthode inédite, évalue à 50 milliards le nombre d’oiseaux sur Terre. Mais, sur les 9.700 espèces recensées, les dix premières concentrent à elles seules un cinquième de cette population.
En 1997, une étude avait évalué le nombre d’oiseaux sur Terre (ou plutôt dans les airsairs !) entre 200 et 400 milliards. Aujourd’hui, une nouvelle étude revoit ce chiffre drastiquement à la baisse : Corey Callaghan et ses collègues de l’université de Nouvelle-GallesGalles du Sud, en Australie, estiment que la Terre abrite 50 milliards d’oiseaux sauvages, soit six oiseaux pour un humain. L’écart ne provient pas d’une chute brutale de la population (encore que le déclin des oiseaux soit une réalité), mais d’une différence de méthodologie. « En raison de données hétérogènes, il existe peu de méthodes qui s’étendent à toutes les espèces à travers le monde », témoigne Corey Callaghan. Les études se limitent souvent à une ou deux espèces, sur un territoire donné.
Le saviez-vous ?
À titre de comparaison, le nombre de poulets domestiques dans le monde est estimé à 26 milliards, ce qui en fait de loin l’oiseau le plus abondant sur Terre. Mais l’étude se concentre ici sur les oiseaux sauvages.
Pour parvenir à un résultat global, les chercheurs ont combiné les observations d’amateurs collectées sur le site eBird pour évaluer le nombre d’espèces, puis les ont croisées avec des estimations scientifiques disponibles pour 724 espèces d’oiseaux. Ils ont ensuite construit un algorithme pour extrapoler les populations aux 9.700 espèces recensées (la précédente estimation était basée sur la densité d’oiseaux à petite échelle où toutes les espèces étaient considérées comme égales).
Le kiwi, la famille d’oiseaux la plus rare au monde
Le chiffre de 50 milliards d’oiseaux ne reflète pourtant qu’une toute petite partie de la réalité. Car seules quatre espèces dépassent le milliard d’individus ; le moineau domestique (Passer domesticus : 1,6 milliard), l’étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris : 1,3 milliard), le goéland à bec cerclé (Larus delawarensis : 1,2 milliard) et l’hirondelle rustique (Hirundo rustica : 1,1 milliard). À l’inverse, 1.180 espèces d’oiseaux, soit 12 % du total, comptabilisent chacune moins de 5.000 spécimens ; une espèce comptant moins de 2.500 individus étant considérée comme en voie de disparition par l’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICNUICN).
Impossible d’établir le portrait robotrobot de l’oiseau rare ou de l’oiseau commun. « La rareté est répartie dans toutes les familles d’oiseaux », concède Corey Callaghan. Ni la taille ni l’aire de répartitionaire de répartition, pas plus que le type d’habitat ne permettent de prévoir l’abondance d’une espèce. La famille d’oiseaux la plus rare est le kiwikiwi, avec 3.000 individus au total dans le monde. Les passereaux, à l’inverse, représentent plus de la moitié des oiseaux sur Terre (28 milliards). De même, on constate que les oiseaux insectivoresinsectivores sont 15 milliards contre 194 millions pour les charognards.
Vive la science citoyenne !
Bien que la méthode de comptage soit parfaitement rigoureuse et très ambitieuse, elle n’en demeure pas moins remplie d’incertitudes. Certains oiseaux peuvent ainsi être passés entre les mailles du filet, soit parce que l’espèce est trop rare pour avoir été signalée sur eBird, soit parce qu’elle fait l’objet de trop peu d’observations (ce qui donne une évaluation de population peu fiable), soit parce que les données ne sont pas accessibles publiquement. Mais ce travail montre « la contribution essentielle des amateurs dans les données scientifiques », souligne Will Cornwell, coauteur de l’étude. Alors vous aussi, faites avancer la science en téléchargeant l’application eBird !