La Chine investit des millions dans son propre Starship

La start-up chinoise Cosmoleap vient de lever près de 15 millions de dollars de fonds pour lancer le développement de sa version du Starship. Une levée de fonds rare cette année dans l’industrie spatiale chinoise, qui montre que le lanceur de SpaceX est d’un grand intérêt là-bas. Pourquoi ?

Lever 15 millions de dollars sept mois seulement après avoir créé sa start-upstart-up, voilà une performance impressionnante dans le secteur spatial chinois privé, où la création de nouvelles entreprises est en baisse à cause des difficultés à trouver des investisseurs. Clairement, proposer le Starship en Chine, ça marche.

Préparer la phase cachée de la conquête de la Lune

Le programme lunaire chinois est bien ficelé : des missions automatiques en éclaireurs, des premières expéditions d’astronautes de courte durée sur la surface à la manière des missions ApolloApollo, puis l’installation d’une base lunaire et d’infrastructures nécessaires pour permettre des missions longues.

Les États-Unis utilisent les missions Artemis pour, dans un premier temps, revenir sur la Lune de façon plus durable qu’il y a 50 ans, mais surtout pour se servir de notre satellite naturel comme terrain de test afin de préparer la phase suivante de l’exploration habitée du Système solaire : Mars. Ce plan est bon. C’est pourquoi la Chine compte faire pareil, dans l’espoir d’envoyer des astronautes sur la Planète rouge en 2049, pour le centenaire de la création de la nation communiste.

Les phases de constructionconstruction et d’utilisation de bases lunaires vont nécessiter des moyens logistiques démentiellement extraordinaires, où le Starship proposé par SpaceXSpaceX, capable d’emporter jusqu’à 100 tonnes de charge sur la Lune, n’est pas idéal, mais le minimum. Dans ce but, la China Aerospace Science and Tech Corporation (Casc), dépendant de l’État, développe de son côté un équivalent du Starship.

L’érosion des critiques

Nombreux sont ceux qui prenaient Elon MuskElon Musk pour un hurluberlu lorsqu’il a annoncé son Starship au Congrès international d’astronautiqueastronautique de Guadalajara au Mexique, en 2016. Les avancées dans son développement à Boca Chica – Starbase – au Texas ont permis de lever une partie des doutes sur l’intérêt de disposer d’un tel véhicule spatial.

La domination de SpaceX dans les lancements grâce à la fuséefusée réutilisable Falcon 9Falcon 9, jugée aujourd’hui comme économiquement fiable, et le succès dans le domaine des satellites en orbiteorbite basse avec la mégaconstellation StarlinkStarlink (4 millions d’utilisateurs et une forte demande du Pentagone) montrent que les grands projets menés par SpaceX méritent d’être suivis et reproduits. La Chine en est désormais convaincue pour le Starship.

Enfin, ce n’est pas la première fois qu’un véhicule réutilisable aux capacités du même ordre que celles du Starship est développé. On rappelle que la Navette spatiale américaineNavette spatiale américaine a mis en orbite de nombreux astronautes et satellites avec seulement quatre véhicules réutilisables. Finalement, le Starship ne fait qu’industrialiser cet héritage.

Un intérêt militaire et pour les mégaconstellations

Le Pentagone s’intéresse depuis des années à l’utilisation du Starship comme cargo, pour ravitailler des zones impossibles à couvrir autrement sur le théâtre des opérations. Cet atout logistique pourrait aussi intéresser la Chine.

Enfin, la Chine pourrait être intéressée par l’utilisation du Starship pour accélérer le déploiement de ses mégaconstellations de satellites, comme Guowang ou G60. La capacité d’emport d’un tel véhicule permettrait aussi de développer des satellites plus performants sans moins se soucier des contraintes de taille d’une fusée classique.

Plusieurs spécialistes du spatial alertent sur une nouvelle révolution dans le domaine pouvant être apportée par le Starship et son héritage, car jamais une fusée aussi capacitaire n’a promis d’être aussi accessible.

Leave a Comment