La quête d’une civilisation extraterrestre technologiquement avancée est plus importante que jamais pour comprendre notre place dans l’Univers et s’il existe un futur dans lequel nous aurons surmonté les défis du XXIe siècle. Les pionniers de cette quête, Carl SaganCarl Sagan et Frank Drake derrière le Golden Record, ne sont hélas plus avec nous, pas plus qu’Arthur Clarke, mais leur héritage est bien vivant. La route est sans doute encore longue, mais nous continuons à fouiller la Voie lactée avec des radiotélescopes et des télescopes au sol ou dans l’espace.
Rappelons que l’une des motivations de Carl Sagan, lorsqu’il a aidé au développement du programme Seti, était d’essayer de savoir si nous avions une chance de survivre aux XXe et XXIe siècles. Dans ce but, Seti avait pour objectif de détecter les signaux d’une civilisation extraterrestre avec des radiotélescopes, de déterminer si ces signaux contiennent un message à notre destination… et de leur répondre.
La guerre froide battait son plein au siècle dernier et la prolifération des armes nucléaires n’augurait rien d’optimiste. Le spectre de la guerre atomique s’était ensuite éloigné. Pour autant, les conséquences du réchauffement climatiqueréchauffement climatique et la raréfaction des ressources naturelles qui accompagnent notre monde surpeuplé et gagné par l’irrationalité ne l’ont pas entièrement exorcisé et ce d’autant plus avec les événements récents, comme la guerre en Ukraine. La découverte d’une ou de nombreuses civilisations E.TT. pourrait nous redonner confiance dans un futur qui semble bien sombre, si l’on en croit les fameuses prédictions du rapport Meadows.
Une présentation de l’Institut Seti. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Seti Institute
Laser Seti, une idée aussi vieille que Seti
Toujours est-il que la meilleure façon de détecter et d’entrer en contact avec une civilisation E.T. technologiquement avancée ne se trouve peut-être pas dans l’utilisation de radiotélescopes. Le moyen se situerait dans des projets consistant à tenter de détecter des émissionsémissions de civilisations E.T. sous forme d’impulsions laser, qu’elles soient le sous-produit de techniques de propulsion de voiles solairesvoiles solaires interstellaires, par exemple comme celles du projet Breakthrough Starshot, ou de vraies tentatives de communications interstellaires. L’idée que des extraterrestres pouvaient préférer communiquer sur des distances interplanétaires, et même interstellaires, en utilisant des laserslasers, est en fait ancienne. Elle a déjà été formulée par Schwartz et Townes en 1961, soit un an après l’invention du laser par Townes et deux ans après que Cocconi et Morrison ont proposé le concept de base du programme Seti.
L’exploration de cette idée a donné lieu au développement du concept d’Optical Seti et son avataravatar récent LaserSeti. Ce dernier consisterait donc à tenter de détecter ces impulsions laser qui se trouveraient probablement dans une bande de fréquencesbande de fréquences entre l’infrarougeinfrarouge et l’ultravioletultraviolet.
Dans ce contexte, la récente publication sur arXiv provenant d’une équipe de chercheurs du Planetary Habitability Laboratory (PHL), géré par l’université de Porto Rico à Arecibo, interroge…
Le PHL (particulièrement connu pour son catalogue d’exoplanètesexoplanètes habitables, l’un des catalogues les plus complets sur l’habitabilité des exoplanètes) est le produit de la collaboration de scientifiques internationaux de différentes organisations, dont l’Institut Seti et la NasaNasa, et il est dirigé par l’astrobiologiste Abel Méndez.
Le chercheur est notamment impliqué dans le projet Arecibo Wow! (Awow), un projet de recherche de technosignatures utilisant des données archivées provenant des télescopes de 305 et 12 mètres de l’observatoire d’Arecibo. L’objectif principal de ce projet est d’identifier et d’expliquer des signaux similaires au signal Wow! détecté en 1977 par le radiotélescope Big Ear de l’université d’État de l’Ohio.
Comme on le voit sur le compte X (ex-TwitterTwitter) d’Abel Méndez, il y a du nouveau à ce sujet. Mais, tout d’abord, il faut répondre à la question suivante : Qu’est-ce que le signal Wow! ?
Qu’est-ce que le « signal Wow! » ?
Au début des années 1960, on est en plein boum de la radioastronomie et des chercheurs ne vont pas tarder à découvrir les quasarsquasars, le rayonnement fossilerayonnement fossile et enfin les pulsarspulsars. L’observatoire radioobservatoire radio de l’université d’État de l’Ohio, dont la constructionconstruction a commencé en 1956, entre en fonction en 1963. Ce grand radiotélescope est affectueusement baptisé Big Ear (grande oreille, en anglais). Malheureusement, il perd son financement pour cartographier les sources radio une décennie plus tard. Il devient alors disponible pour faire de la recherche dans le cadre du programme Seti, ce qu’il fera de 1973 à 1995 avant d’être démantelé en 1998.
Le 15 août 1977, c’est l’effervescence très probablement dans l’esprit de l’astrophysicienastrophysicien Jerry R. Ehman alors qu’il dépouille les données tout juste prises par Big Ear. Elles montrent un brusque pic d’intensité étonnant dans une bande étroite centrée sur la fréquence de 1 420 mégahertz, c’est-à-dire là où se trouve la fameuse raie à 21 centimètres de l’hydrogène. Il y a de bonnes raisons de penser qu’elle est la fréquence des communications interstellaires entre civilisations, déjà parce que le milieu interstellaire permet relativement facilement la propagation des ondes radio à cette longueur d’ondelongueur d’onde.
La source ne dure que 72 secondes et elle occupe une région de la voûte céleste dans la constellationconstellation du Sagittaire, juste au nord-ouest de l’amas globulaireamas globulaire M 55 (incidemment, on pense que les vieilles civilisations E.T. ont plus de chance de se trouver dans les amas globulaires)). Le pic d’intensité découvert par Ehman correspond bien à ce que l’on pourrait s’attendre si la Terre avait croisé par inadvertance un faisceau d’ondes radio en provenance d’extraterrestres. C’est pourquoi l’astrophysicien s’est empressé d’écrire un « Wow! » (une exclamation de surprise et d’admiration en anglais) en bordure de l’enregistrement sur papier qu’il tient dans sa main.
Le signal Wow!, comme on l’appelle, va marquer les esprits pendant 40 ans. Rien de semblable n’a été détecté par la suite et aucune explication naturelle convaincante n’avait été proposée… jusqu’à aujourd’hui.
Un soir de fin d’été en 1977, des radioastronomes de l’Ohio ont découvert un signal interstellaire puissant, le fameux signal Wow!, qui est encore considéré par beaucoup comme la meilleure preuve d’une communication avec une civilisation extraterrestre. Voici un documentaire à ce sujet. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © WATCH NOW – SCI-FI & FANTASY
Des masers et lasers cosmiques naturels
En effet, l’équipe dirigée par Abel Méndez dans le cadre du projet Awow explique maintenant qu’elle a obtenu des résultats intéressants en cherchant des signaux similaires à la mythique détection de 1977 dans des données archivées du défunt observatoire d’Arecibo, sur une période allant de 2017 à 2020. En 2023, le projet a continué avec des observations à 8 GHz à l’aide d’un télescope de 12 mètres, mais toujours en se concentrant sur des étoiles naines rouges avec des exoplanètes potentiellement habitables connues.
Abel Méndez déclare maintenant dans un communiqué du PHL : « Nos dernières observations, réalisées entre février et mai 2020, ont révélé des signaux à bande étroite similaires près de la raie à 21 cm de l’hydrogènehydrogène, bien que moins intenses que le signal Wow! original. »
L’observation la plus intéressante est survenue dans le cas de l’étoileétoile de Teegarden dans la constellation du Bélier, une naine rougenaine rouge de type M découverte en 2003 seulement en raison de sa très faible luminositéluminosité. Elle porteporte le nom de son découvreur principal, Bonnard J. Teegarden, astrophysicien au Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center de la Nasa. On lui connaît deux planètes à peine plus massives que la Terre qui ont été détectées par vitessesvitesses radiales autour de cette étoile. L’étoile de Teegarden est l’une des plus proches du Système solaireSystème solaire, à seulement 12,5 années-lumièreannées-lumière.
Pour Méndez et ses collègues, les observations des signaux de l’étoile de Teegarden sont reliées à un nuagenuage d’hydrogène froid qui a subitement été éclairé par une forte éruption de l’étoile. Le rayonnement électromagnétique traversant le nuage aurait alors produit l’équivalent d’un effet laser, en l’occurrence pas dans le domaine visible, mais dans celui des ondes radio et donc, selon là aussi un autre avatar de l’effet laser que l’on observe depuis longtemps en astrophysique, l’effet maser (Microwave Amplification by Stimulated Emission of Radiation, soit amplification de micro-ondes par émission stimulée de rayonnement).
L’équivalent du signal Wow! observé n’est pas aussi intense mais, selon les chercheurs, une éruption associée à un magnétar, ou un répéteur gamma doux (SGR), pourrait bien être assez puissante pour le produire selon le même mécanisme que dans le cas de l’étoile de Teegarden.
Les radioastronomes concluent dans leur article en cours d’évaluation sur arXivarXiv : « Notre hypothèse tient compte de toutes les caractéristiques observées du signal Wow!, introduit une autre source de faux positifs dans les recherches de technosignatures et suggère que ce signal représentait la première éruption masermaser astronomique enregistrée avec la raie de l’hydrogène à 21 cm ».