Cérès est le plus gros astéroïde de notre Système solaire et, surprise !, les astronomes suggèrent aujourd’hui qu’il a pu être, autrefois, une planète océanique. Mais une planète océanique peut-être pas tout à fait comme les autres.
CérèsCérès. C’est le nom de la déesse de l’agricultureagriculture, des moissons et de la fertilité. C’est aussi le nom du plus gros astéroïde de notre Système solaire. Tellement gros (avec un rayon de 470 kilomètres) qu’il a gagné le statut de planète naine, à l’instar de PlutonPluton. À lui seul, il représente un quart de la masse cumulée des plus de 700 000 astéroïdes qui peuplent la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et JupiterJupiter. Ainsi, depuis sa découverte par l’astronomeastronome italien Giuseppe Piazzi en 1801, il n’a cessé d’intriguer les chercheurs.
Un peu plus encore, peut-être, parce qu’ils lui ont observé des volcansvolcans et des glissements de terrain. Une surface particulièrement marquée, en somme. Couverte également de nombreux cratères d’impact. Une preuve, selon les astronomes, que Cérès ne pouvait pas être glacé à plus de 30 %. Car si cela avait été le cas, sa surface aurait dû changer rapidement au fil du temps. Un peu comme le font les glaciersglaciers qui coulent sur Terre.
Cérès, un monde aride ou riche en glace ?
Les données renvoyées entre 2015 et 2018 par la mission Dawn, de la NasaNasa, semblaient le confirmer. L’absence de cratères caractéristiques de ceux que devraient produire des écoulements de glace avait mené les astronomes à confirmer que Cérès ne peut pas être glacé. Pourtant, certains estimaient toujours que d’autres caractéristiques de surface – les fosses, les dômes, les glissements de terrain, etc. – pouvaient laisser penser à la possibilité que les sous-sols de Cérès soient, au contraire, riches en glace. Les données spectroscopiques le suggéraient aussi. Tout comme la densité de l’astéroïde, proche de celle de la glace. En 2020, des travaux avaient accrédité cette thèse. Les chercheurs avaient découvert sur Cérès un vaste réservoir de saumuresaumure et montré la présence de chlorure de sodiumsodium hydraté sur la plus grande zone brillante de ce cratère.
Alors des chercheurs de l’université Purdue (États-Unis) et de la Nasa ont relancé de nouvelles simulations. Et dans la revue Nature Astronomy, ils montrent aujourd’hui comment la glace peut, parfois, ne presque pas s’écouler sur des milliards d’années, donnant aux cratères d’impact, l’aspect qu’ils ont sur Cérès. Il suffit pour cela que ladite glace soit mélangée avec quelques impuretés non glacées.
Ainsi, les astronomes suggèrent aujourd’hui que la surface de Cérès pourrait bien être composée en grande majorité (à 90 %)) de glace. Une glace beaucoup plus rigide, donc, que ce à quoi les astronomes s’attendaient. Grâce à un mélange avec quelques roches solidessolides. Une glace sale, en d’autres mots. « Notre interprétation, c’est que Cérès était autrefois un “monde océanique” – comme Europe, la lunelune de Jupiter -, mais avec un océan boueux, suggère Mike Sori, chercheur en sciences de la Terre, dans un communiqué de l’université Purdue. Cet océan sale a fini pour geler et former une croûtecroûte de glace – d’environ 115 kilomètres d’épaisseur avec une teneur en glace qui diminue progressivement au profit de la roche – emprisonnant de la matièrematière rocheuse ».
« Nous pourrions avoir trouvé l’endroit rêvé pour collecter des échantillons de l’océan d’un ancien monde océanique », s’enthousiasme Mike Sori. Le plus accessible de notre UniversUnivers. Et qui pourrait ainsi devenir aussi intéressant dans notre quête de vie extraterrestre que le sont Europe et EnceladeEncelade, les lunes glacées de Jupiter et de SaturneSaturne.