Voici comment de simples minéraux retrouvés sur les plages du sud de l’Australie peuvent permettre de remonter la trace d’une ancienne chaîne de montagnes, dont l’existence était jusqu’à présent totalement inconnue. Et pour cause, ses restes seraient cachés sous les glaces épaisses de l’Antarctique !
Dans le sud de l’Australie, cette plage intrigue depuis longtemps les scientifiques. Car elle arbore une étonnante couleurcouleur rouge sombre. Pourquoi ? Parce que ses grains se composent en partie de grenat, un minéral bien connu pour sa couleur vermillon. Mais la question n’est pas là. Elle est plutôt de savoir comment ces minérauxminéraux ont atterri là.
Les témoins d’une ancienne chaîne de montagnes introuvable
Les grenats se forment en effet dans des conditions bien spécifiques. Généralement présents dans les roches métamorphiques, ces cristaux se forment sous haute pressionpression et haute température, notamment lors d’épisodes d’orogenèse. Comprenez : la formation d’une chaîne de montagnes lors d’une collision entre plaques tectoniques.
Deux épisodes d’orogenèse connus pour avoir affecté cette région au cours des temps géologiques pourraient expliquer la présence de ces grenats : la formation de l’Adelaide Fold Belt il y a 514 à 490 millions d’années lors de l’orogenèse Delamerien, ou, bien plus tôt dans l’histoire de la Terre, la formation du craton de Gawler entre 3,3 et 1,4 milliards d’années.
Toutefois, l’âge de 590 millions d’années des grenats qui jonchent les plages du Dhilba Guuranda-Innes National Park ne correspond à aucun de ces deux événements. Un épisode tectonique serait-il donc passé à la trappe ? Rien dans le paysage géologique du sud de l’Australie ne suggère pourtant qu’une chaîne de montagnes se soit formée là durant l’Édiacarien.
Les restes d’une chaîne de montagnes sous les glaces de l’Antarctique
Peut-être ne regardons-nous cependant pas du bon côté. Car si le sud de l’Australie est aujourd’hui bordé par l’océan sud-est indien, à la fin de l’ère Protérozoïque cet océan n’existait pas. L’Australie était alors soudée à l’AntarctiqueAntarctique au sein d’un supercontinent nommé Gondwana. La séparationséparation entre l’Australie et l’Antarctique lors de l’éclatement du GondwanaGondwana n’interviendra que bien plus tard, il y a 84 millions d’années.
Et si l’origine des grenats se trouvait donc plutôt sur le continent Antarctique ? Une idée confortée par la découverte il y a quelques années de grenats datant de la même période au niveau de la chaîne transantarctique, en bordure d’une vaste zone aujourd’hui recouverte par une épaisse calotte glaciairecalotte glaciaire. Côté Australie, des grenats ont également récemment été découverts dans des sédimentssédiments d’origine glaciaire, qui semblent avoir été transportés du sud vers le nord lors de la glaciationglaciation du Karoo, qui s’est produite entre 320 et 260 millions d’années.
Pour les chercheurs auteurs d’un article publié dans la revue Communications Earth and Envrionnement, il est donc possible que les restes d’une chaîne de montagnes érodée, formée il y a 590 millions d’années, se cachent sous les glaces de l’Antarctique.
Une implication pour les reconstructions tectoniques
Pendant des millions d’années, les glaciersglaciers auraient raboté ces montagnes inconnues, transportant les débris (dont font partie les grenats), vers les territoires de l’actuelle Australie. Après la séparation des deux continents, l’érosion de ces dépôts glaciaires aurait libéré les grenats, qui se seraient retrouvés concentrés sur les plages, le long du rivage.
La présence d’une ancienne chaîne de montagnes cachée sous les glaces de l’Antarctique et datant de l’Édiacarien pourrait aider à mieux reconstruire l’évolution tectonique de la marge paléo-Pacifique du Gondwana.