La Nasa se retrouve confrontée à une situation délicate avec le Starliner de Boeing, dont les problèmes techniques ont conduit à la décision de retourner le vaisseau sur Terre sans les astronautes Butch Wilmore et Sunita Williams. Ces derniers resteront à bord de la Station spatiale internationale (ISS) jusqu’en février 2025. C’est l’occasion de vous expliquer pourquoi il leur est impossible de redescendre plus tôt.
En raison des problèmes techniques rencontrés par le Starliner lors de son vol aller vers la Station spatiale internationale (ISS), avec des fuites d’hélium et plusieurs dysfonctionnements de son système de propulsion, la Nasa a pris la décision de ne pas faire redescendre les astronautes Butch Wilmore et Sunita Williams avec le véhicule de Boeing. Initialement partis pour une mission de huit jours, les deux astronautes se retrouveront ainsi bloqués à bord de l’ISS pendant une période prolongée de huit mois, jusqu’en février 2025. Cette période ne sera évidemment pas du « tourisme spatialtourisme spatial ». Butch Wilmore et Sunita Williams intégreront l’équipage de la mission Crew 9, dont le lancement a été reporté du 18 août au 24 septembre, marquant de début de l’Expédition 72.
Cette intégration a contraint la Nasa à réduire l’équipage de Crew-9 à deux astronautes. L’équipage de Crew-9 devait à l’origine comporter trois astronautes américains et un cosmonaute russe : Zena Cardman (36 ans, 1er vol spatial), Nick Hague (48 ans, 3e vol), Stephanie Wilson (57 ans, 4e vol) et Alexandre Gorbounov (34 ans, 1er vol). Cependant, les deux femmes ont finalement été écartées, Nick Hague étant retenu pour son expérience significative (il avait fait partie de l’équipage du SoyouzSoyouz MS 10 en octobre 2018, dont la cabine a été éjectée lors du décollage)) et Alexandre Gorbounov garantissant le « quota » russe.
La complexité du planning opérationnel
La raison pour laquelle la Nasa ne peut pas ramener les astronautes plus tôt réside dans la complexité du planning opérationnel de l’ISS et la densité du trafic vers la Station spatiale internationale. Ce dernier comprend des rotations d’équipages avec les véhicules Crew DragonCrew Dragon et Soyouz, ainsi que des missions de ravitaillement avec les cargos spatiaux Dragon, Cygnus et Progress. Le vol d’essai du Starliner (Boe-CFT, pour Boeing Crew Flight Test) s’est intégré dans ce calendrier et trouver une date de mission a été compliqué.
Modifier ce calendrier, qui est soumis à une planification rigoureuse plusieurs mois à l’avance, s’avère délicat pour la Nasa et ses partenaires internationaux car cela impacte non seulement les ressources humaines et l’organisation des vols, mais aussi les créneaux d’amarrage à l’ISS, où les emplacements sont limités. De plus, les expériences scientifiques et les démonstrations technologiques, souvent planifiées plusieurs mois voire des années à l’avance, peuvent souffrir d’une telle modification. Manquer une rotation d’équipage peut entraîner des conséquences bien plus graves que l’on imagine. Cela explique pourquoi la Nasa ne peut pas envoyer un Crew Dragon faire un aller-retour express pour redescendre les deux astronautes.
La sécurité des équipages
Il faut également savoir que les Crew Dragon et Soyouz amarrés à l’ISS sont aussi utilisés comme véhicule de secours en cas d’évacuation d’urgence de la Station spatiale. C’est pourquoi Butch Wilmore et Sunita Williams ne peuvent pas utiliser l’un de ces véhicules pour retourner sur Terre ces prochains jours.
Jusqu’au 6 septembre, date du départ du Starliner de l’ISS, et malgré les problèmes techniques, la Nasa continue de considérer le Starliner comme un véhicule de secours potentiel pour une évacuation d’urgence du complexe orbitalcomplexe orbital. Passé cette date, et en attendant l’arrivée de Crew-9, le Crew Dragon de Crew-8 sera reconfiguré pour transporter jusqu’à six astronautes en cas d’urgence, au lieu des quatre places actuellement disponibles. Les deux sièges du Starliner seront récupérés et installés dans la section de fret du Crew-8, sous les sièges existants.
Pour comprendre ce micmac de sièges, il faut savoir que chaque astronaute voyage dans un siège réalisé sur mesure, moulé à son corps. Ces sièges jouent un rôle fondamental dans leur sécurité durant les vols aller-retour en raison des fortes accélérations au décollage et à l’atterrissage – durant lesquelles leur poids peut plus que quadrupler – et des vibrationsvibrations ressenties lors du décollage et lors de la traversée de l’atmosphèreatmosphère.