Les eaux du sud-est de l’Australie subissent un réchauffement accéléré, entraînant la prolifération d’oursins à longues épines. Si l’on pensait initialement que les homards jouaient un rôle clé dans la régulation de ces oursins, une récente étude bouleverse cette hypothèse, remettant en question les stratégies de gestion de l’écosystème marin.
Les eaux au large du sud-est de l’Australie se réchauffent presque quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Parmi les conséquences notables de ce réchauffement, les scientifiques ont noté une prolifération d’oursins, originaires des eaux tempérées de la Nouvelle-GallesGalles du Sud. En quoi est-ce problématique ? Eh bien parce que ces oursins à longues épines (Centrostephanus rodgersii)) broutent les forêts de Kelp, de grandes algues brunes, laissant dans leur sillage des habitats détruits.
Face à cet enjeu, les scientifiques ont tenté de freiner leur expansion, en misant pour cela sur les homards, principaux prédateurs supposés de ces oursins. « Supposés », car une récente étude a révélé que les requins jouent un rôle jusque-là sous-estimé dans cet écosystème marin.
Observation de requins Heterodontus galeatus mangeant des oursins. © University of Newcastle, Australia
Une caméra cachée dévoile une vérité nocturne ignorée…
En filmant l’interaction entre les homards et les oursins à l’aide de caméras nocturnes, les chercheurs ont découvert que ce sont les requins, et non les homards, qui dévorent la majorité des oursins : les requins dormeurs à crête (Heterodontus galeatus) et de Port-Jackson (Heterodontus portusjacksonii) ont consommé environ 45 % des oursins pendant les nuits d’observation, contre seulement 4 % pour les homards.
D’après ces résultats, face à l’abondance et la robustesse des requins, les homards ne font pas le poids dans la lutte contre l’invasion d’oursins. Toutefois, il reste à déterminer si cela suffira à endiguer leur prolifération dans un contexte naturel non contrôlé ! En effet, il n’est pas surprenant de trouver le prédateur recherché lorsqu’il est intentionnellement attiré par un appâtappât. De tels résultats auraient-ils été obtenus dans un environnement non artificiel ? Environnement dans lequel des facteurs abiotiquesabiotiques tels que les vents et les variations de salinité influencent également les populations d’oursins…